L’Afrique du Sud a repris la plus haute place du podium en récupérant son titre de première puissance économique d’Afrique. La nation arc-en-ciel a détrôné le Nigeria dont la monnaie a connu une forte dégringolade à cause de la chute libre des prix de barils de pétrole.

L’Afrique du Sud est donc à nouveau première puissance économique africaine malgré son faible taux de croissance. C’est un coup de grâce pour la nation arcen-ciel dont le Produit intérieur brut (PIB) se chiffre désormais à 301milliards de dollars américains contre 296 milliards pour le Nigeria, soit 5 milliards de dollars de plus, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Ce retour au sommet de l’économie africaine intervient après 2 ans d’oscillation entre la deuxième et troisième place. En effet, pendant cette période, l’Afrique du Sud avait été provisoirement reléguée à la troisième position au début de cette année, après l’Égypte qui occupait maintenant la deuxième place.

Professeur Jannie Rossouw de l’Université Witwatersrand explique que ce retour au top économique du continent a été possible non pas à cause d’un redressement économique extraordinaire, mais tout simplement parce que le PIB a été mesuré dans la monnaie nationale de chaque pays. Et dans le cas précis de l’Afrique du Sud, la crise du dollar a finalement été une bénédiction pour redorer le statut économique de ce pays sans toutefois réellement affecter la donne des inégalités ou des carences dans le pays. Il s’agissait donc d’user d’une méthode de comparaison internationale qui a converti les valeurs des PIB sud-africains et nigérians au taux de change en vigueur, à une monnaie commune internationale, notamment le dollar américain. En raison de l’augmentation de la valeur du taux de change du Rand sud-africain, la valeur du dollar américain du PIB sud-africaine a aussi augmenté, dépassant légèrement celui du Nigeria et même de l’Égypte. Mais la valeur du PIB sud-africain en Rands n’a nullement bougé, ce n’est qu’au niveau international qu’elle devient supérieure aux autres à cause du dollar américain.

Le PIB, pas un indicateur du bien-être… Le Rand sud-africain a donc fait un bond de 16% alors que le Naira a chuté d’un tiers de sa valeur par rapport au dollar. Mais cette méthode n’est pas toujours appliquée voilà pourquoi en 2014, le Nigeria avait ravi la première place à l’Afrique du Sud occupant ainsi la plus haute place du podium économique du continent. Cette année, l’économie nigériane a plongé de 0,4%, tandis que celle d’Afrique du Sud s’est contractée de 0,2%. L’Afrique du Sud qui reprend son trône n’affectera en rien le mode de vie des populations selon Dr Ilunga Kalala. Cet observateur de la vie économique sud-africaine démontre que le PIB n’est qu’un indicateur de richesse, mais pas du bien-être des populations. La cherté des produits de première nécessité et le coût de vie vont demeurer aussi élevés qu’avant, voir même plus, mettant à rude épreuve le panier de la ménagère et réduisant pratiquement en miette les stratégies de survie des populations démunies. … mais un attrait pour les investisseurs Ce retour au top du classement ne signifie donc pas vraiment grand-chose sauf pour les investisseurs et les décideurs des politiques économiques qui pourront se baser là-dessus pour scruter l’avenir, spéculer, évaluer les perspectives économiques du pays et prendre des décisions qui s’imposent.

 L’importance de ce retour à la première place économique d’Afrique réside dans les possibles rendements pour les investisseurs. Cela représente aussi une augmentation des possibilités d’emploi pour les chômeurs et les nouveaux arrivants sur le marché du travail selon les explications de Dr Ilunga Kalala. Il faut donc préciser que reprendre son titre de première économie africaine ne rime pas forcément avec une relance économique pourtant très attendue depuis la crise financière de 2008. Et pour le Nigeria destitué, la reprise n’est pas pour demain à cause de son économie fortement dépendante du prix du pétrole.

Les perspectives économiques nigérianes s’annoncent donc morose sauf si le pays parvient à rapidement à se tourner vers d’autres secteurs économiques en maximisant par exemple dans l’agriculture.

Des risques de récession Ce retour à la première place économique d’Afrique a toutefois redoré le blason du Président Jacob Zuma et son gouvernement. En effet, le parti au pouvoir a été acculé ces dernières années par plusieurs des scandales de corruption dont certains visent personnellement le Président, la mauvaise gouvernance et, pour couronner le tout, un cuisant échec aux récentes élections législatives qui enregistre la victoire de l’opposition dans plusieurs grandes villes dont Tswane (Pretoria) la capitale politique sudafricaine.

Malgré ce glorieux retour au titre de première économie africaine, les économistes évoquent toujours des risques de récession. L’Office national sud-africain des statistiques annonçait récemment qu’après une hausse de 0,4% du PIB au dernier trimestre de l’année 2015, il a baissé de 1,2% au premier trimestre de cette année. L’Office justifie cette baisse par une forte contraction dans le secteur minier, de moins 18,1% précisément dans la platine et le fer.

Et si l’Afrique du Sud ne parvient pas à redresser son économie au prochain trimestre, le pays pourrait être confronté à sa première récession depuis 2009. La grave sècheresse qui a terriblement frappé la zone australe constitue aussi un facteur de pertes économiques important. L’agriculture a été très affectée et la production agricole du pays a baissé de moins 6,5%. Le FMI demeure pessimiste en dépit de ce retour au top de l’économie sud-africaine. Il ne prévoit pas une croissance au-delà de 0,6%, même son de cloche au niveau de la Banque centrale.

L’Afrique du Sud va devoir mettre des bouchées doubles afin de maintenir son statut de première économie africaine tout en créant de nouvelles stratégies pour augmenter sa production, renflouer ses caisses et satisfaire ses populations en leur offrant ¢un coût de vie revue à la baisse.