Face aux récoltes généreuses des fruits de saison, céréales, produits maraîchers et autres horticoles, sans omettre les périodes de forte lactation et rushs des bancs de poissons pélagiques, l’économie des ressources agricoles a paru superflue dans un premier temps en Afrique. L’accroissement démographique, inversement proportionnel aux moissons, ajouté aux changements climatiques dictent de nouveaux paradigmes.

Daouda MBaye

Et si l’industrie du froid était la panacée ? Longtemps considérée à tort comme un luxe en Afrique, l’industrie du froid, parce qu’elle permet la conservation des ressources, passe pour être une des solutions clés pour leur apporter plus de valeur ajoutée. Dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest en général, et en particulier au Sénégal, le calendrier des périodes de grande consommation (fêtes religieuses) n’est pas souvent à cheval sur celui des récoltes horticoles. Dans ce pays, pour ne citer que cet exemple, des maraîchers, qui avaient connu lors de la campagne 2018-2019 des productions record d’oignons, n’ont pas trouvé mieux que d’enterrer l’oignon pour le conserver. Le prix était devenu trop bas et le marché en regorgeait… Devinez la suite, en pourritures, en repousses… Quelques semaines plus tard, ce fut la pénurie qui imposa de nouvelles importations. Chaque année, c’est rebelote!

Plus jamais de lait versé au sol !
À l’instar des populations du reste du monde, en Afrique, le besoin en tubercules, légumes, fruits, produits laitiers, halieutiques, d’élevage… est considérable. Comment expliquer, dans des pays estampillés, par la Finance internationale, PPTE (Pays pauvres très endettés), que des fruits mûrs pourrissent sous les arbres, que du lait frais, à peine trait du pis de la vache, soit versé à même le sol !
Des débuts d’explication peuvent être trouvés dans le fait d’avoir privilégié une agriculture commerciale, imposée alors par le colon. Des circuits commerciaux, une logistique adéquate et donc une chaine de froid, mais aussi des marchés sûrs et organisés n’ont pu être mis en place rapidement… Aujourd’hui, il est question d’orienter les chercheurs, diététiciens et nutritionnistes vers les atouts de cultures traditionnelles délaissées. Encourager ces filières passe par la mise en place d’une industrie du froid pour à la conservation et la transformation par le biais de l’agro-industrie.

 

Des emplois, du revenu généré et de la sécurité alimentaire en prime

Des unités de conservation de poche, fonctionnant à la fois à l’énergie conventionnelle et/ou à l’énergie renouvelable (solaire, biomasse, éolienne), sont disponibles. Les exploitants qui n’auraient pas assez de moyens pour les acquérir à titre individuel pourraient se mettre en coopératives. Fort heureusement, une association des professionnels du secteur, baptisée  Union of Associations of African Actors in Refrigeration and Air Conditioning  (U-3ARC), a vu le jour il y a un peu plus d’un an et propose des solutions idoines. Madi Sakandé, président d’U-3ARC, et non moins PDG de New Cold System, plaide pour une plus grande vulgarisation de l’industrie du froid en Afrique. Il encourage les États qui ont exprimé une réelle volonté pour aller jusqu’à l’implantation de bourses de matières premières et invite les autres à suivre. De son avis, c’est une source importante d’emplois, de revenus et de sécurité alimentaire. La reconnaissance internationale n’a pas tardé.

En 2020, AREA a accueilli et aidé à la création d’U-3ARC avec le président Madi Sakande qui a rejoint l’assemblée générale d’AREA avec 2 membres du conseil. AREA a fait revenir l’hospitalité après avoir participé à la cérémonie de la première assemblée générale d’U-3ARC, tenue au Burkina Faso.

De bonnes perspectives
S’inspirant du modèle européen AREA (European Refrigeration and Air Association of conditionnement), présidé par M. Marco Buoni et aussi grâce à son soutien, Madi Sakandé, formateur expert pour le Centro Studi Galileo, a atteint l’objectif incroyable de rassembler 39 associations nationales, toutes issues de différents pays africains. Il s’agit d’un projet ambitieux qui garantira des perspectives d’avenir fructueuses à la croissance du secteur sur le continent, avec des conséquences positives sur la santé et le niveau de vie de ses citoyens.
Un protocole d’accord est approuvé par U-3ARC et AREA, les deux parties partageant des buts et objectifs communs et souhaitent collaborer avec transparence et efficacité dans les domaines de préoccupation mutuelle, dans le développement d’initiatives et d’activités d’intérêt commun au sein de leurs mandats respectifs et règlements applicables. Le rendez-vous est fixé au 10 juin à l’Université polytechnique de Milan, pour le développement de la chaine du froid pour les aliments et pour les vaccins et la relation entre l’Europe et l’Afrique dans le secteur HVAC / R.
Pour mémoire, AREA est l’association européenne des entrepreneurs en réfrigération, climatisation et pompes à chaleur (RACHP).
Créée en 1989, AREA exprime les intérêts de 25 associations nationales de 22 pays représentant 13 000 entreprises employant 110 000 personnes pour une moyenne de 8 salariés par entreprise.

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MoU AREA et U-3ARC

AREA et U-3ARC par le biais du protocole d’accord ont, tous deux, décidé :
– de travailler en commun dans des domaines d’intérêt mutuel dans le domaine du RACHP ;
– d’échanger des informations sur les meilleures pratiques suivies par les entrepreneurs dans leurs sites et les normes de performance en vigueur avec le code d’éthique prescrit ;
– de travailler conjointement, dans la mesure du possible, sur l’éducation et la formation et la certification de la main-d’œuvre engagée dans l’industrie RACHP ;
– d’échanger des informations sur les plans d’action pour la réduction progressive des HFC et sur les évolutions techniques dans ce domaine ;
– de corroborer les efforts dans le domaine de la protection de l’environnement et de l’efficacité énergétique.

Photo : The President of all African Associations Madi Sakande with the President of EU Associations Marco Buoni in a recent meeting during the last MOP 31 in Rome – FAO