La vague Agtech mondiale et l’exemple français
2016 a été marqué par ses contrastes : 3,2 milliards de dollars investis de par le monde dans les start-ups de l’Agtech d’une part, triste record des revenus agricoles français, de l’autre (350 euros par mois pour un tiers d’entre eux).
La vague Agtech est aussi folle et passionnante que l’horizon des filières françaises s’obscurcit. La «révolution» n’a pas encore eu lieu et ne semble pas se préparer de sitôt. Pourquoi ? La raison est d’abord structurelle et concerne les rythmes cycliques d’adoptions technologiques (cf. Schéma de l’asynchronie des courbes)
Trois phénomènes se superposent sans jamais se rencontrer: l’évolution technologique inflationniste, mais fragile (objets connectés, plateformes ouverte et collaborative, valorisation, partage et rétribution de la richesse de la data produite), l’évolution saccadée des protocoles de connectivité (réseaux bas débit, publics-privés) et l’investissement nécessairement cyclique des acteurs de la chaîne alimentaire (investissements directement corrélés au besoin d’interopérabilité des objets, OAD, plateformes et de standardisation des protocoles de communication).

Schéma de l’asynchronie des courbes

Que faire donc? Les nouvelles technologies ne cesseront pas d’évoluer. Elles doivent seulement être considérées comme un réservoir d’outils et d’opportunités, une matière première que chacun saura mobiliser pour répondre à son besoin de valeur. Le but n’est plus de tout digitaliser à tout prix, mais bien de construire des solutions capables de répondre aux besoins réels des agriculteurs, de développer des services de conseil augmentés, d’assurer la compétitivité des industries agro-alimentaires, le dynamisme de leur distribution et, in fine la réponse aux demandes nouvelles des consommateurs.
Changeons  de  perspective, concentrons-nous sur les points de valeur critiques (là où la donnée, le service apportent un gain de valeur significatif pour les acteurs, au bon endroit et au bon moment). Puis construisons des solutions adaptées, créatrices de valeur pour l’ensemble des acteurs.
Car l’enjeu des prochaines années est bien de transformer le potentiel des technologies en valeur (revenu, praticité, bien-être, plus-value environnementale, etc.) pour les acteurs de la chaîne. La capacité de réussir cette transition est, certes, liée à la disponibilité et au prix des technologies, elle est avant tout une question de métier et d’organisation : quel impact quotidien sur les acteurs, qui gère la technologie, l’information, la maintenance, etc.?
En France par exemple, il apparaît que le besoin de formation et de conseil des acteurs est la première étape, à ne surtout pas ignorer. Nous ne construirons pas les filières de demain sur des sables mouvants. Autrement dit, il est urgent que chaque partie prenante connaisse parfaitement ses droits en matière de données et soit en mesure d’en co-construire la valeur avec ses partenaires.

Il est aussi urgent de regarder au-delà des frontières hexagonales. Le dynamisme français en matière d’Agtech est performant, mais quid de la compétitivité des solutions françaises face aux investissements massifs connus dans la Silicon Valley ? Au degré d’extrême technicité des solutions israéliennes ? À la frugalité de l’Agtech africaine et à la compétitivité des fabricants de capteurs asiatiques? L’effet nombriliste est à proscrire donc et les rythmes d’adoption technologique dépendent encore trop souvent du besoin de trouver un tiers de confiance transparent et indépendant dans la monétisation des services. En effet, la data a une valeur et elle doit être valorisée à sa juste valeur pour qui l’a produit.

Le modèle avant-gardiste africain: la frugalité africaine au travers de la création de solutions
La frugalité de la tech africaine et l’usage de solution low tech – low cost n’est plus à démontrer. Que ce soit pour des usages pour les communautés rurales (kit solaire connecté, électrification rurale issue de la transformation des déchets organiques, système de purification de l’eau) ou pour les producteurs des filières agricoles (meilleure gestion des filières du manioc pour mesurer la qualité au stockage par l’usage de capteur d’humidité dans les entrepôts), l’usage de la technologie apporte bel et bien un intérêt aux acteurs de la chaine agroalimentaire.Valeur-Tech apporte son expertise dans la création de solutions frugales pour permettre une diffusion des success-stories par filières. En effet, ses partenaires africains dans les télécommunications par l’usage des réseaux bas débit, ses partenaires publics-privés et ses partenaires Tech makers (Fablab -Techhub) apportent une réponse précise aux questionnements d’investissements des acteurs en matière de technologies.

Pour finir, l’usage des réseaux sociaux et la révolution des plateformes d’échanges sont aussi un point majeur de développement que Valeur-Tech développe avec ses partenaires des outils sémantiques.

En effet, organiser et filtrer l’information des groupes d’influence agricoles et agroalimentaires sur Facebook ou Whatsapp pour apporter les bonnes solutions technologiques au bon endroit est un enjeu clé que les équipes Valeur-Tech soulignent. Tout comme l’idée de bâtir des chatbot et des plateformes d’échange communautaires dédiées à l’agri-agrobusiness est une piste de développement prédominante chez Valeur-Tech. Dernier point d’intérêt chez Valeur-Tech, le nécessaire besoin de faire tester les meilleures solutions aux agriculteurs, producteurs et parties prenantes et de les valoriser sous des formes d’interviews vidéo. En Afrique, nous accompagnons l’ensemble de ces sujets avec nos partenaires.

Technology Adoption Life Cycle

Vous l’aurez compris, aujourd’hui beaucoup d’argent est investi chez les start-ups par de nombreux fonds pour financer l’innovation de la tech agricole. Par contre, le financement de l’adoption en tant que tel reste peu financé. Les cycles d’investissement doivent se faire de façon à limiter au maximum le «Chasm» (cf. Schéma ci-contre) : période au cours de laquelle une start-up est confrontée aux rythmes d’adoption de sa technologie sur son marché.

En effet, l’enjeu actuel est de transformer la technologie en valeur pour les agriculteurs et les parties prenantes et non juste de financer la technologie pour la technologie.

L’appauvrissement des sols agricoles, la pollution des eaux, les épizooties, les famines sont autant de sujets concrets que la technologie peut aider à résoudre à condition d’orienter les investissements dans ce sens avant d’envisager, par ailleurs, des investissements dans des fermes urbaines et verticales, la biologie de synthèse ou la nutrition à base d’insectes.

Valeur-Tech est à votre disposition pour vous accompagner dans vos choix d’investissement en technologies agricoles et agroalimentaires.

 

Par Fabrizio Delage Paganini et Pierre Poullain, fondateurs de Valeur-Tech