L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et la sortie de la Grande-Bretagne de la Communauté européenne sont deux évènements qui prouvent que l’Afrique n’est pas au centre des préoccupations de ces deux espaces économiques. L’occasion pour nos dirigeants et décideurs d’entreprises d’opérer un «shift» en regardant davantage vers l’Est et notamment vers l’Asie en plein boom économique. C’est cette conviction qui nous avait animés déjà en 2009 quand nous organisions à Kuala Lumpur le premier Forum des dirigeants africains en Asie.
La plupart des pays producteurs de pétrole ont été mis à rude épreuve en 2015 et davantage en 2016 avec la chute continue du cours du baril qui a privé nombre de ces pays de recettes de rente. Le choc est d‘autant plus brutal pour les pays africains producteurs de pétrole que les pays concernés n’ont pas une économie suffisamment diversifiée et solide pour absorber le contrecoup de cette chute des cours. Résultat, les budgets sont mis à mal et les investissements de diversification attendront. Malheureusement, les prédictions parient plutôt sur un pétrole peu cher dans le moyen terme, ce qui ne risque pas d’arranger les recettes pétrolières.
En revanche, ce retournement des cours du pétrole ne fait pas que des perdants. En effet, un certain nombre de pays au rang desquels le Maroc, le Sénégal, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Égypte et l’Éthiopie, qui ont considérablement réduit leur facture énergétique, ont pu réallouer ces économies inespérées dans des investissements productifs avec tous les effets d’entrainement sur le reste de l’économie.
Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Rwanda, le Kenya et la Tanzanie réaliseront les meilleures performances pour 2017 sur le Continent avec une croissance supérieure à 6%. Autrement dit, ces pays sont majoritairement concentrés en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont le moteur de la croissance en Afrique de l’Ouest, avec un PNB cumulé de près de 40% de la zone UEMOA ; tandis que le Kenya et l’Éthiopie sont la locomotive économique de l’Afrique de l’Est avec un PNB de 30% à eux deux.
Progressivement se dessine une logique de corridor économique dans ces deux zones économiques de l’Est et de l’Ouest, qui irrigue l’économie des pays ce qui accélère d’autant les échanges intra-régionaux dans des régions traditionnellement extraverties. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra densifier le tissu économique de ces zones économiques et accroitre leur résilience à un moment où l’Afrique est en fin de liste des priorités de l’Europe et des États-Unis.