En ouvrant une université par jour, l’Inde ne parviendra jamais à scolariser les 200 millions de postulants qui souhaitent entreprendre des études supérieures les prochaines années. C’est dire que, passé l’effet de mode, le e learning est au cœur de la prochaine révolution de l’éducation et du transfert des connaissances, accéléré en cela par la révolution des Technologies de l’Information qui chaque jour apporte son lot d’objets nouveaux.

 E-learning au cœur de la prochaine révolution de l’Education Mariama DIALLO Directrice générale de Priorité Formation www.lafriquequiose.com Introduction Il n’y a pas longtemps, l’enseignement à distance était principalement destiné à des publics ne pouvant être scolarisés en «présentiel» dans des conditions normales, du fait de l’éloignement des centres de formations et des écoles (enfants de cadres ou agents en activité dans des plantations ou mines éloignées des centres urbains, insulaires), d’un statut particulier (militaires dans les casernes) … Toutefois, l’explosion des Technologies de l’Information et de la Communication en a fait un enseignement alternatif aussi efficace qu’une scolarisation traditionnelle tout en étant moins coûteuse.

Mieux, Internet en introduisant l’interactivité a fait passer le e-learning à un statut d’enseignement «sans distance», en ce que l’éloignement n’est plus une contrainte pour interroger un apprenant ou poser une question à l’exposant. Pourtant le e-learning a du mal à entrer dans les habitudes alors qu’il pourrait révolutionner notre rapport à l’acquisition du Savoir et au développement des compétences.

Dans les premiers âges, le elearning reposait sur l’écrit. Il a intégré l’audio dans les années 20, puis la vidéo dans les années 50. Le e-learning consistait alors à acheminer des cours par poste à des apprenants géographiquement distants. Très peu d’interactions étaient possibles entre les enseignants et les apprenants si ce n’est à de rares occasions par téléphone. L’essentiel des échanges se résumait à adresser des syllabus, des cassettes ou des vidéos assortis d’exercices à apprendre et à exécuter; tandis qu’en retour le professeur corrigeait les copies.

Depuis l’avènement d’Internet, les choses ont beaucoup changé, Les TIC ont supprimé les contraintes de temps, de distance mais aussi de coût et de quantité. En effet, aujourd’hui, il est possible de distribuer du savoir en ligne en temps réel et d’inter-agir avec les auditeurs, tout en offrant le confort supplémentaire pour les auditeurs et intervenants de se voir. Dès lors, on peut affirmer qu’Internet et l’interactivité qu’elle introduit a transformé l’enseignement à distance en enseignement « sans » distance.

Cinq bonnes raisons d’adopter le e-learning Plusieurs raisons militent en faveur de l’adoption plus grande du e-learning sur notre continent.

 1. Les contraintes budgétaires et démographiques. Nous avons dans la plupart des pays africains une population majoritairement jeune. Dans la société de l’Information qui caractérise le 21ème siècle, les batailles d’avenir sont les batailles de l’esprit, de la connaissance et de la culture.

Tout comme l’Inde, la plupart de nos pays n’ont tout simplement pas les moyens de prendre en charge dans de bonnes conditions, la pléthore de jeunes dans des établissements décents et bien équipés. Sans compter le temps de construire des centres de formation, de former les formateurs. Aujourd’hui, ces contraintes peuvent être plus facilement levées, d’autant que la formation en ligne est efficace.

En effet, les enquêtes prouvent aujourd’hui que les résultats entre deux groupes d’étudiants, les uns ayant suivi une formation en ligne et les autres en «présentiel» sont identiques. A ces contraintes budgétaires et démographiques s’ajoutent la question de l’adéquation de la formation à l’emploi ; et de la rapide obsolescence des savoirs. En fait les savoirs évoluent tellement vite que toutes les décennies, la quantité de savoir produite est multipliée par 2.

On estime aujourd’hui qu’un jeune qui entre dans une université n’aura en fin de parcours, pas besoin des 85 % de ce qu’il y aura appris. Tout comme on sait que la plupart des métiers qui existeront dans 20 ans n’existent pas aujourd’hui. On voit déjà dans le secteur des TIC des emplois qui intéressent les entreprises qui aujourd’hui, ne trouvent pas preneurs. De nouveaux outils rendent aujourd’hui la formation à distance beaucoup plus « ergonomique ». En effet, l’explosion de la vente des tablettes dont 61,5 millions seront vendues d’içi fin 2011, facilitera grandement le e-learning.

Certes le coût d’un IPAD, ou d’un Galaxy Samsung ne permet pas encore une généralisation. Mais sans doute, des produits plus accessibles déjà disponibles, en Chine, en Malaisie, en Inde ne tarderont pas à envahir les marchés mondiaux. Tout comme en Afrique, le congolais Verone MANKOU seulement âgé de 25 ans, vient de lancer la première tablette africaine. On peut s’attendre au même mode de diffusion que la téléphonie cellulaire en Afrique que l’on retrouve parfois dans les villages les plus reculés.

 L’avènement des «digital natives » (nés avec les Technologies de l’Information) qui manipulent avec aisance téléphones portables, smartphones et autres tablettes, ne permettent plus de faire l’impasse sur ces outils dans les plateformes de formations.

2. Le triptyque coût-qualité-accès La tendance à la massification de l’enseignement et plus particulièrement de l’enseignement supérieur nous oblige à intégrer le e-learning d’une façon ou d’une autre.

Les gouvernements du monde entier se heurtent à la même problématique. Toujours est-il que, tout système d’éducation quel qu’il soit, comporte trois variables: le coût, la qualité et l’accessibilité. Si nous voulons généraliser l’accès à l’enseignement, nous risquons d’accroître le nombre d’étudiants par classe et la qualité et s’en ressentirait. Si nous voulons améliorer la qualité de l’enseignement avec des innovations pédagogiques, le coût s’en ressentira à son tour.

Essayons de contenir les coûts, que la qualité et l’accessibilité s’en verraient tout de suite affectées. Seul un changement de paradigme, porté par les TIC peut résoudre cette équation à trois inconnues. En effet, le e-learning permet à la fois de dispenser des enseignements à coût raisonnable, d’une excellente qualité et à un nombre démultiplié d’apprenants. Des écoles « systèmes » grandes écoles qui aiment se définir par ceux qu’elles n’acceptent pas vont à contre courant de ce qui va se faire. Et c’est tout le business model des écoles de formations qui va être revisité. Déjà, vous pouvez bénéficier des meilleurs enseignements, relevant des meilleures universités sans bourse délier et sans bouger de chez vous. Pour preuve, aujourd’hui sur la plateforme i tunes téléchargeable gratuitement, on peut avoir accès à des cours du MIT, de Harvard ou encore d’Oxford, les meilleures universités du monde et ce, gratuitement.

 3. Les clés de succès dans l’implantation du e-learning L e e – l e a r n i n g t o u t comme la formation en «présentiel», n’échappent pas à la règle. Un bon système d’enseignement repose sur deux piliers : La logistique, c’est-à-dire la performance des systèmes informatiques et la connectivité. A ce niveau des efforts très substantiels devraient être faits pour surmonter les délestages et l’accès à l’Internet. Car, sans électricité et sans internet, le e-learning n’est pas possible.

4. Le Matériel pédagogique Jadis ce matériel consistait en des imprimés, des cassettes, des vidéos. Aujourd’hui tous ces supports matériels peuvent être «dématérialisés», se transmettre en ligne grâce à la numérisation et à la convergence des Technologie des l’informatique et des télécommunications à laquelle, est venue se rajouter l’audiovisuel.. Ce qui en revanche reste inchangé, c’est l’investissement intellectuel pour élaborer un bon cours. D’autant qu’en «présentiel» quand un apprenant ne suit pas, on le voit tout de suite. Lorsque les apprenants sont dispersés, un dispositif différent doit être mis en place pour s’assurer des acquis pédagogiques.

 5. Soutien pédagogique Jadis, avec les cours par correspondance, quoiqu’ils utilisaient des moyens qui aujourd’hui nous paraissent surannés, les corrections souvent détaillées et portées par les enseignants, créaient une certaine forme d’interaction. Aujourd’hui, on est bien conscient qu’il faut une forte dose d’émulation pour réussir seul, s’organiser pour apprendre ses cours . En présentiel, il y a une forme d’émulation qui est plus difficile à recréer dans des salles de cours «virtuelles». Il faut donc des dispositifs de suivi adaptés. Autrement dit, il faudrait une sorte de «community manager» du e-learning, de manière à stimuler constamment les apprenants.

Conclusion

Le e-learning est l’avenir de la formation. Mais avant qu’il ne soit totalement déployé, des formes hybrides de formations seront mises en place dans un mix learning bien compris, comprenant une dose de «presentiel», de e-learning », de mises en situations dans les serious games… Un grand effort devra également être fait , car ne nous y trompons pas , la fabrication d’un cours en e-learning ne peut être le fait d’un seul enseignant. Il requiert plusieurs métiers spécialisés parmi lesquels, la «pédagogisation» du produit revient à l’enseignant.

 Il faut donc se préparer à accueillir cette nouvelle révolution en adaptant nos produits pédagogiques et nos formateurs ¢à ces nouvelles innovations. 

Par Mariama DIALLO

Directrice générale de Priorité Formation