Le chantier de construction de la Station de transfert d’énergie par pompage (STEP) d’Abdelmoumen (350 MW), au nord-est de la ville d’Agadir dans la province de Taroudant au Maroc, à l’initiative de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), avance bien. Une récente visite technique de la direction générale de l’office pour s’enquérir de l’état d’avancement de ce grand projet vient le confirmer.

Boubker El Badri

Pour lisser sa production d’électricité, l’ONEE arrive à user d’un moyen rare et fort compétitif, à savoir le stockage intelligent du courant électrique. Il s’agit du transfert d’énergie par pompage. Après une première Station de transfert d’énergie par pompage (STEP) à Afourer, en service depuis 2004, d’une puissance de 460 MW, le projet de la STEP Abdelmoumen d’une puissance installée de 350 MW, à environ 70 km au nord-est de la ville d’Agadir dans la province de Taroudant, sur une superficie de 100 hectares, affiche un état d’avancement des travaux estimé à environ 70%. C’est du moins ce qui ressort de la visite technique que vient d’y effectuer Abderrahim El Hafidi, directeur général de l’ONEE, à la tête d’une délégation.

Ce chantier fait partie du programme d’équipement de l’ONEE visant le renforcement des moyens de stockage intelligent de l’électricité afin d’accompagner le développement de projets d’énergie renouvelable pour disposer d’une souplesse d’exploitation du système électrique national, nous apprend-on. « Il s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la vision éclairée de Sa Majesté le Roi, que Dieu l’Assiste, pour le développement de projets d’énergie renouvelable dans notre pays et placer le Maroc en tant que leader dans le domaine du stockage intelligent de l’énergie au niveau mondial », précisent les responsables de l’ONEE. A noter que le Maroc est le seul pays arabe disposant de cette technologie et, sur le continent africain, le 2ème pays avec l’Afrique du Sud.

Incomparable compétitivité de la STEP
Comparativement aux moyens de flexibilité et de stockage de l’énergie, tels que les batteries ou les cycles combinés fonctionnant au gaz, les STEP sont caractérisées par une meilleure compétitivité, en termes de coût du kWh et permettent le stockage de l’énergie pour une longue période en plus de l’importante composante locale qui représente 60% de l’investissement.

D’un coût global d’environ 3,8 milliards de dirhams (380 millions €), cofinancés à hauteur de 140 millions € par la Banque européenne d’investissement (BEI), de 134 millions € de la Banque africaine de développement (BAD) et de 60 millions $ des Fonds des technologies propres de la BAD, la STEP Abdelmoumen permettra à la fois de satisfaire la demande en électricité durant les heures de pointe par le stockage de l’énergie, d’optimiser l’exploitation des moyens de production et de disposer d’une souplesse d’exploitation du système électrique national. Aussi, ce projet assurera l’augmentation de la capacité d’intégration des énergies renouvelables et l’amélioration de la stabilité du réseau électrique de transport d’énergie national. En outre, le projet contribuera à la préservation des ressources en eau et ne générera ni émissions de CO2 ni gaz à effet de serre.

Avec la mise en service de la STEP Abdelmoumen, la capacité hydraulique installée au Maroc augmentera de 20 %, note-t-on. « Ce projet répond parfaitement à la stratégie de décarbonation dans notre pays et permettra ainsi de mettre à la disposition des particuliers, et plus principalement des industriels, une énergie verte et à des coûts très compétitifs », confie le Directeur général de l’ONEE.

Dans le même sillage, le plan d’équipement de l’ONEE pour la période 2021-2030 prévoit la réalisation de deux stations similaires, à savoir celles d’El Menzel dans la région de Séfrou et d’Ifahsa dans la région de Chaouen.

Un développement assurément vert
Compte tenu de son fonctionnement en circuit fermé, la STEP Abdelmoumen bénéficie d’une souplesse totale, en raison de son indépendance aux autres usages des ressources en eaux et aux précipitations pluviales, contrairement aux projets hydrauliques classiques.

Les détails techniques révèlent de principales installations qui comprennent :

  • Un bassin supérieur et un bassin inférieur de stockage d’eau d’un volume utile de 1 300 000 m3 chacun,
  • Un circuit d’eau d’environ 3 km, dont une conduite forcée, reliant les deux bassins et alimentant l’usine,
  • Une usine abritant deux groupes réversibles de 175 MW chacun,
  • Un poste extérieur 225 kV, comprenant 2 arrivées groupes et 4 départs lignes,
  • Une station d’alimentation de premier remplissage et d’appoint en eau des bassins à partir de la retenue du barrage existant,
  • Des routes d’accès d’une longueur totale de plus de 20 km.

En termes de retombées économiques pour les populations environnantes, outre les actions sociales de ‘bon voisinage’ et qui portent sur la distribution de la fourniture scolaire, la réparation des points d’eau…, la direction de l’ONEE affirme que la réalisation de ce projet dans cette région contribue d’ores et déjà au développement socio-économique. Elle cite à ce titre de multiples actions sociales, telles que le désenclavement des douars avoisinants, la promotion du travail et la qualification de la main-d’œuvre locale, à travers une formation continue au sein du projet (soudeurs qualifiés, opérateurs de soudage, conducteurs d’engins…). En effet, le chantier compte plus de 400 employés issus des douars mitoyens, affectés à l’élargissement, à la réhabilitation et au revêtement des pistes reliant la RN 8 et le barrage Abdelmoumen sur une longueur de plus de 12 km, à la réhabilitation et au revêtement de la piste d’accès au Douar Tamadant (2,5 km) et à la construction d’un château d’eau et d’un mur de clôture du nouveau souk hebdomadaire de Bigoudine.