«Innover  ou  disparaître».  Telle semble être la devise des nombreuses entreprises du continent. Elles veulent divorcer avec le fonctionnement en vase clos et épouser de nouvelles idées novatrices pour être plus compétitives dans leur domaine. En un mot, l’open innovation.

Cette innovation ouverte se matérialise  par  l’organisation  de hackhatons, un marathon technologique qui regroupe de jeunes start-upeurs, développeurs, designers et chefs de projets, qui, en un laps de temps (24 ou 48 h), doivent mettre en place un projet informatique, un logiciel ou une application pour améliorer un service ou anticiper sur les besoins des clients.

L’entreprise  y  gagne  doublement; elle renforce son volet Recherche&Développement (R&D) tout en optimisant ses coûts. L’accompagnement des meilleurs projets qui se sont distingués et leur incubation sont moins coûteux que les sommes qu’elles devaient payer, par exemple, à un cabinet spécialisé dans les systèmes d’information. Certaines entreprises créent même des incubateurs technologiques pour mieux chapeauter ces projets.

Cette vague d’innovations permet aux entreprises africaines de se réinventer et de proposer des services adaptés aux besoins des consommateurs du continent. La médecine, l’éducation, l’agriculture, les énergies sont autant de marchés de niche. Et la matière ne manque pas. Les applications qui permettent aux femmes de connaître leurs visites prénatales, celles qui permettent aux agriculteurs de suivre les cours des matières premières sur leur téléphone, celles qui permettent de payer ses factures d’eau et d’électricité, les frais de scolarité, d’obtenir des crédits via un simple portable sont autant d’innovations qui séduisent l’Afrique et le monde. Le mobile banking, avec comme pionnière mondiale la start-up kenyane M-Pesa soutenue par l’entreprise Safaricomet, le clickfunding développé par la start-up égyptienne «Bassita» (voir Business Case) sont de véritables cas d’école. Mieux, un label africain exportable.

Ce génie créateur transparaît en filigrane lors des compétitions de hackhaton organisées durant les grandes rencontres entrepreneuriales au niveau continental, à l’image de Hub Africa, où de jeunes adolescents débordent d’ingéniosité pour créer des projets informatiques qui pourraient impacter positivement le vécu de leurs communautés respectives.

Cette incroyable ingéniosité a séduit aussi Facebook. Le géant américain a récemment sélectionné 60 équipes finalistes issues du Moyen-Orient et d’Afrique, dans le cadre de son concours «Bots for Messenger» dont l’objectif est de reconnaître et de récompenser les développeurs capables de créer les robots les plus innovants pour Messenger. Ces développeurs, constitués en équipes de trois personnes maximum, devaient créer des robots dans trois catégories : «les jeux et divertissements»; «la productivité et les utilitaires»; et «le bien social».

Fini l’importation de solutions souvent incompatibles avec nos réalités. L’Afrique invente ses propres modèles. Le temps du mimétisme semble révolu. L’innovation inversée est en marche.

Par Elimane Sembène