Isabel Dos Santos, fille de l’ex-président angolais qui était alors considérée comme la femme la plus riche d’Afrique, a pu obtenir un prêt de la KfW-Ipex-Bank. Suite aux Luanda Leaks, révélés par nos confrères de l’ICIJ, les procureurs de Frankfort sévissent aujourd’hui.

Daouda MBaye

Comment un milliardaire soupçonné d’être lié à la corruption est-il parvenu à obtenir de l’argent public d’une banque d’État d’un autre pays ? C’est la question que se sont posée les journalistes de l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists) tout comme les autorités allemandes à propos des 55 millions de dollars que KfW-Ipex-Bank a prêtés à une brasserie détenue en partie par Isabel Dos Santos, la fille de l’ex-président autocratique de l’Angola. Depuis la publication de l’enquête sur Luanda Leaks et que Dos Santos a vu son empire commercial s’effondrer, les répercussions sur les institutions, qui ont soutenu ses transactions commerciales, deviennent davantage insaisissables.

Une gabegie à fonds perdus
La semaine dernière, les procureurs de Francfort ont déclaré que le prêt violait les lois allemandes contre le blanchiment d’argent et a infligé à KfW-Ipex-Bank, une filiale de l’une des plus grandes agences de financement gouvernementales au monde, une amende de 178 000 dollars pour sa négligence. Selon Süddeutsche Zeitung, partenaire d’ICIJ, Dos Santos a déclaré qu’elle n’était pas au courant du prêt bancaire KfW et que la brasserie n’avait aucun lien avec l’État angolais.
Dans tous les cas, l’accord de 2015 a été révélé pour la première fois par l’ICIJ et ses partenaires médiatiques l’année dernière dans Luanda Leaks, qui détaillait les ambitions de Dos Santos d’entrer sur le marché lucratif des boissons en Angola. Son entreprise commerciale était déjà soutenue par le gouvernement angolais, notamment avec une exonération fiscale de 10 ans. À noter que ce n’était qu’un des nombreux accords internes, révélés par les Luanda Leaks, qui ont alimenté la fortune de Dos Santos, et ont fait de ce pays, l’Angola, riche en pétrole et en diamants, l’un des pays les plus pauvres de la planète.