Suite aux incidents survenus au niveau de l’AMITH-Nord (Association marocaine des industriels du textile et de l’habillement Nord), des membres de cette association professionnelle réfutent  catégoriquement toutes les accusations qui ont tenté d’altérer les faits, et préconiser que ce qui s’est passé était pour, défendent-ils, des raisons politiques.

Les incidents ont conduit à la démission de huit membres du Bureau Exécutif et de M. Jamal MAIMOUNI. Ces industriels du secteur textile & habillement de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima relatent chronologiquement les faits, relatifs à la production de masques, en cette période de pandémie COVID-19.

Une action citoyenne qui finit en queue de poissons

Ainsi, tout remonte au 8 avril 2020. Ce jour-là, M. Mohamed BOUBOUH, actuel président de l’AMITH-Nord, convoque une réunion à Tanger, au siège de l’AMITH-Nord, en présence de l’ex-Président de l’AMITH Nord et du Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de la Région Tanger-Tétouan, Al Hoceima, ainsi que certains industriels du secteur. Il s’agissait de s’inscrire dans l’initiative de fabriquer des masques et de les mettre à la disposition des autorités locales afin de les distribuer gratuitement aux habitants de la région.

  1. BOUBOUH s’engagea alors à fournir une première quantité de tissus, moyennant son importation de la société espagnole dite SANTANDIRINA, pour la somme d’environ 90 000,00 €, à raison d’environ 3,00 € le mètre. D’autres quantités devraient suivre, pour la fabrication de 2 millions de masques gratuitement.

Dans un élan d’enthousiasme dans les rangs des participants, ces derniers ont décidé d’augmenté le nombre à 4 millions de masques. Les industriels considéraient alors cela comme une contribution de leur part pour lutter contre la pandémie, et comme preuve de leur citoyenneté et attachement à leur patrie. D’ailleurs, un communiqué fut publié conjointement par l’AMITH-Nord et la CCIS. Un groupe WhatsApp avait alors été créé, comptant tous les participants à la réunion, dont l’administrateur était l’ex-Président de l’AMITH Nord.

Naturellement, pour honorer leurs engagements, les industriels ont commencé à reprendre leur activité industrielle. Beaucoup ont entrepris d’acquérir des équipements pour la production de masques, et engagé des investissements importants pour l’aménagement de leurs unités de production, afin qu’elles soient adaptées à une opération caritative et noble.

Malheureusement, 10 jours plus tard, aucune nouvelle sur la livraison du tissu promis par  M. BOUBOUH. Non seulement, sans aucune explication officielle ne leur a été donnée, mais il y eut des propos contradictoires: tantôt que la marchandise était en chargement à l’usine ou en route vers le Maroc, tantôt que la marchandise était au port…

C’est par la suite que les industriels reçurent des tissus en coton. Les démissionnaires de l’Amith-Nord croient que M. BOUBOUH l’avait acquis de la succursale de la société HALLOTEX à Tanger. De leur avis, ce tissu n’a rien à voir avec la matière pour laquelle, il s’était engagé. Aussi, il ne fut plus question du tissu commandé à la société SANTANDIRINA au nom de l’AMITH pour le distribuer aux industriels. C’est alors qu’ils se demandèrent qu’e est-il devenu de cette commande ? Pourquoi, il n’a pas été distribué aux industriels, comme promis ? Pourquoi n’a-t-il pas acheté le tissu fabriqué par des sociétés marocaines, disposant d’une qualité meilleure que celle des tissus importés d’Espagne ?

Le début de la discorde

Le clou de cette histoire se situe au fait qu’à leur grande surprise, après avoir fabriqué plus de 700 000 masques, ils ont été confrontés au refus du laboratoire IMANOR pour certifier ce tissu, un tissu de mauvaise qualité, du reste.  Suite au Niet d’IMANOR, tout s’est arrêté. Ces industriels ont ressenti une déception, voire une confusion, due au manque de communication avec MM. BOUBOUH et l’ex- Président de l’AMITH Nord. Mais pire encore, ils ont constaté que les noms de certains participants à la réunion du 8 avril, ont été purement et simplement supprimés du groupe WhatsApp.

Les industriels se demandèrent aussi, pourquoi l’initiateur de toute cette démarche n’a pas demandé l’avis du laboratoire IMANOR quant à la qualité de ce tissu avant de procéder à la fabrication des masques ? Et pourquoi a-t-il attendu jusqu’à ce que les industriels aient produit 700 000 masques pour annoncer qu’il n’était pas conforme aux normes exigées ?

Parallèlement, M. BOUBOUH conclut en catimini des contrats directs avec des secteurs gouvernementaux et des grandes surfaces pour produire 5 millions de masques. Par conséquent, il lui demande de donner tous les détails concernant les contrats signés, y compris leurs valeurs. Les démissionnaires exigent aussi qu’il dévoile les unités industrielles avec lesquelles il a sous-traité la fabrication des masques, à raison de 1,5 à 2,00 Dh/masque, sachant qu’ils disposent d’informations pertinentes prouvant que M. BOUBOUH a sous-traité avec des unités de production informelles, une grave violation, vu qu’il a été élu pour défendre les intérêts et les droits des industriels.

Paradoxe et incompréhension

Par ailleurs, ils s’étonnent que trois entreprises appartenant à son groupe  aient obtenu les certificats de conformité d’IMANOR en un temps record… « Qu’est ce qui l’a empêché de partager la procédure avec le reste des industriels ? », se sont-ils interrogés.

Face à la réalité des contrats conclus par M. BOUBOUH, et face à l’ire des industriels, le Président n’a pas trouvé mieux que de faire de son prédécesseur, un bouc-émissaire qui préféra se murer dans un mutisme inexplicable.

Les membres démissionnaires du Bureau Exécutif soulignent que M. BOUBOUH, en sa qualité de président de l’AMITH, était le seul interlocuteur officiel des industriels vis-à-vis du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie Verte et Numérique, et qu’il était au courant de toutes les décisions et mesures prises ou à prendre. Au lieu de les partager avec les industriels, il a choisi de se taire et d’en informer seulement le cercle restreint autour de lui, regrettent-ils.

La suite…

Suite à cette démission de huit membres du Bureau Exécutif, une Commission provisoire a été constituée. Elle est présidée par M. Kamal MAZARI, avec comme membres MM. Adil DFOUF, Ahmed AMERNIS, Mohamed LAGHMOUCHI et Mme Naoual EL MLIH, à laquelle il a été confié, à titre provisoire, la gestion des affaires de l’AMITH-Nord, et la préparation de la tenue de l’Assemblée générale aussitôt après le confinement et l’état d’urgence sanitaire.

Ils se disent  vivement déterminés, comme à l’accoutumée, à défendre les intérêts du secteur, partager les soucis des industriels, loin de toutes luttes politiques et saisir le Département ministériel dont l’action a été saluée. Ils réitèrent  leur engagement plein et inconditionnel pour le renforcement du rôle de l’Amith et la Fédération de toutes les instances de l’Association à l’échelle nationale et régionale.