Les scientifiques du Jenner Institute de l’université d’Oxford viennent de mettre au point un vaccin contre le paludisme. D’une efficacité qui peut atteindre 77 %, il a été testé pendant un an sur un échantillon de 450 enfants au Burkina Faso… un espoir suscité par cet essai clinique sous les latitudes tropicales où la maladie tue des millions de personnes par an, dont beaucoup d’enfants en bas âge.

Daouda MBaye

En collaboration avec Novavax, qui fournit l’adjuvant (substance qui améliore la réponse du système immunitaire), le Jenner Institute d’Oxford University est en passe de remporter une éclatante victoire. Il remporte, en effet, une course qui dure depuis plus d’un siècle pour parachever un vaccin antipaludique. Contrairement aux vaccins (Mosquirix de GlaxoSmithKline 39 %) et phytothérapies (Artémisia, Quinine…) existants, le vaccin d’Oxford est le premier à atteindre et dépasser le seuil de 75 % imposé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si le vaccin a enregistré une efficacité de 77 % sur 450 enfants au Burkina Faso, Pr Adrian Hill, directeur du Jenner Institute, qui croit que ce vaccin a le potentiel de réduire considérablement le nombre de morts, annonce des vaccins sur une plus large échelle, notamment sur 4800 enfants dans 4 pays. De son avis, le meilleur scénario est une approbation d’ici fin 2022… impactée par la forte augmentation de cas de Covid-19 en Inde, où intervient Serum Institute.

Objectif : éradiquer le paludisme

Le mérite de ces scientifiques est de s’attaquer à un fléau qui tue plus que Covid-19, surtout en Afrique. Une fois que l’autorisation du vaccin sera acquise, l’objectif de ces scientifiques d’Oxford sera de produire 200 millions de doses. Justement, pour des résultats plus probants dans l’immédiat, les autres interventions, telles que moustiquaires imprégnées et autres médicaments antipaludiques, devront se poursuivre, défendent-ils. À terme, il s’agira d’éradiquer le paludisme, comme cela a été fait pour d’autres pathologies, telles que la lèpre, la variole… Dans ce sillage, Cyrus Poonawalla et Adar Poonawalla, respectivement Président et PDG de Serum Institute, ont salué les résultats du Jenner Institute. Ils se disent très heureux de voir ces résultats sur un vaccin paludique sûr et très efficace qui sera disponible dans le monde entier. Confirmation de Gareth Jenkins de Malaria No More UK qui trouve qu’un vaccin efficace et sûr peut aider à vaincre une maladie qui tue plus de 270000 enfants par an.
À noter que The Lancet a précisé dans une récente publication que les enfants qui ont reçu le vaccin étaient âgés de 5 à 17 mois et vivaient dans la région de Nanoro englobant 24 villages pour une population de 65000 habitants. Divisés en 3 groupes, 2 ont été vaccinés avec une dose d’adjuvant faible ou élevée, tandis que le 3ème a reçu un vaccin contre la rage comme témoin. Ils ont reçu 3 doses et une dose de rappel. Mosquirix était aussi administré en 4 doses. La revue révèle que le groupe adjuvant à dose élevée à rendu 77 % et celui à dose faible 74 %.