Les partisans d’Ousmane Sonko, leader du PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité), numéro 1 de l’opposition sénégalaise, accusé de viols répétés sur une masseuse, ont eu à en découdre avec les forces de police pour protéger leur leader… Depuis hier, lundi 7 février, l’affaire baptisée «Sonko-Sweet Beauty» ébranle Dakar, capitale du Sénégal.  

Daouda MBAYE, Journaliste

Décidément, Ousmane Sonko, président du parti PASTEF (opposition), n’est pas seul au monde ! Lundi matin, le quartier Cité Keur Gorgui à Dakar, où il habite, avait des allures d’état de siège. Les militants et sympathisants d’Ousmane Sonko, qui ont rallié tôt son domicile, ont eu à en découdre avec des forces de l’ordre, venues disperser tout rassemblement en cette période de crise sanitaire. Accusé de viol sur la dame Adji Sarr, masseuse au Cabinet Sweet Beauty, le président de PASTEF a fait une sortie dans la veille pour signifier qu’il ne défèrera pas à la convocation de la gendarmerie… Il se dit victime d’une cabale politique ourdie par le régime du président Macky Sall. Avant de créer son parti, cet ex-inspecteur des impôts a été radié de la DGID. Ses avocats lui ont conseillé qu’en sa qualité de député du peuple, il faudra d’abord lever son immunité parlementaire avant qu’il se rende à cette convocation. Le leader du parti des patriotes a dévoilé avoir souffert de douleurs lombaires qui lui exigent un traitement spécifique. Il a toujours souhaité et obtenu la présence de deux personnes dans la salle de massage. Confirmation de la propriétaire du Cabinet qui a été convoquée, puis gardée à vue, malgré qu’elle allaite un prématuré de 2 mois et demi, pour revenir sur des propos lavant de tout soupçon cet opposant. Son frère réitérera ces propos soutenant que des sbires du pouvoir ont même tenté d’acheter son silence ou sa complicité à plusieurs reprises, renchérissant jusqu’à 40 millions f CFA (3 000 €), ce qu’elle a catégoriquement refusé.

Complot, tentative de musellement, présidentielle anticipée ou complexe de persécution ?
Des blessés ont été recensés autant parmi les forces de l’ordre que parmi les manifestants suite aux échanges de tirs de gaz lacrymogènes, de balles à blanc et de balles réelles contre des jets de pierres. A noter que les échauffourées se sont poursuivies dans les quartiers alentour avec des saccages de biens et blocages de boulevards qui ont précipité le déploiement d’éléments de la gendarmerie, en début de soirée, pour bloquer les différents accès au quartier et sécuriser les lieux, d’après leurs propos.
A noter la visite, dans l’après-midi, de membres de l’opposition, tels que Khalifa Sall, ex-maire de Dakar, Barthélemy Dias, maire de la commune de Sicap-Mermoz, ou encore de Madame la députée Mam Diarra Fam (PDS, opposition).
Nombre d’analystes se demandent comment se fait-il que le régime en place qui dispose d’une écrasante majorité tergiverse sur ce dossier. Non seulement il n’est pas entendu, mais aussi ne daigne pas lever l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko. Cette question est d’autant plus légitime que ce dernier avoue répondre à sa convocation à la minute qui suit cette couverture parlementaire.