Le rachat par Wari du deuxième opérateur de téléphonie au Sénégal Tigo a agréablement surpris le grand public. Une opération qui représente une avancée majeure dans sa stratégie d’expansion et de diversification des services.

7 février 2017. La presse annonce le rachat de l’opérateur de téléphonie mobile, filiale du groupe Milicom, pour un montant de 129 millions de dollars (environ 80 milliards de FCFA). Une opération qui aura surpris plus d’un. Et pour cause, c’est la première fois qu’une entreprise africaine rachète une société de cette envergure. «L’acquisition par Wari, de Tigo et des différentes activités de Millicom au Sénégal est une volonté de compléter l’offre du groupe Wari pour offrir des services financiers plus performants aux populations sénégalaises. À travers la connectivité fournie par les services de télécommunications et les autres synergies identifiées, nous comptons effectuer un pas supplémentaire et important vers l’inclusion financière, avec l’appui des pouvoirs publics, pour le plus grand bien des populations sénégalaises», indique M. Mbodje.

Promouvoir la souveraineté économique
Beaucoup de Sénégalais ont manifesté leur fierté après l’acquisition de Tigo. Il s’en réjouit. «J’ai ressenti beaucoup de fierté et cela me rend d’autant plus heureux de faire partie de ces Sénégalais qui ont senti cette fierté en se disant que c’est possible, que nous devrions le faire et que nous aurions dû le faire avant. Je pense à tous ces valeureux chefs d’entreprises africains qui travaillent et qui sont freinés et brimés par tout le capital étranger des multinationales et qui devraient maintenant voir que c’est possible». Il exhorte les autres champions nationaux à promouvoir cette souveraineté économique tant souhaitée. «Au-delà du principe et de l’effet, ce qu’il faut maintenant retenir, c’est le fait que d’autres capitaines d’industries accompagnent et poursuivent cette ambition. Nous en avons quelques-uns au Sénégal. Ce sont de valeureux capitaines d’industries qui, je l’espère, vont aller identifier les pans d’industries dans les secteurs d’activité et en prendre possession. Il est temps que l’on parle de l’Afrique. C’est le temps des Africains. C’est cela que nous avons essayé de montrer», poursuit-il.
Devenir une marque internationale
Ce rachat avait soulevé un grand tollé. Il se susurrait même qu’il existait d’autres grosses fortunes derrière cette acquisition. Ce que dément M. Mbodje. «Je suis actionnaire à 97% du Groupe Wari. Le reste du capital, soit 3%, est détenu par les employés ou les anciens employés de Wari. Dans le futur, il y aura des ouvertures parce que Wari s’internationalise. L’objectif est de redonner aux populations la propriété de ce groupe Wari pour que tout le monde en soit, en partie, propriétaires».
Après ce rachat à haut débit, Wari se projette déjà dans le futur. «À moyen terme, notre objectif est d’avoir un réseau qui couvrira tout le continent africain, tout en nouant des partenariats pour affirmer notre présence sur d’autres continents. Le contexte est différent en Europe, le marché est dynamique, mais les consommateurs sont obligés de faire le tri dans une offre trop abondante et disparate. Wari prend donc tout son sens en proposant une simplification et une harmonisation de l’offre. L’objectif de Wari à long terme est de devenir une marque internationale qui réunit tous les services et utile à tous», remarque-t-il. D’après le site «Confidentiel Afrique», l’entreprise Wari s’apprête à racheter la banque libyenne SIAB basée au Togo, il ne resterait que quelques détails pour officialiser cette opération.
En tant que self-made-man, il prodigue des conseils aux jeunes entrepreneurs. «On a tendance à penser que c’est l’État qui crée les emplois, mais l’État ne peut pas tout faire. L’objectif initial d’un entrepreneur est plutôt de mener à bien son projet sans attendre l’État».

Par Elimane Sembène