Plusieurs États prennent de plus en plus conscience de l’impact de la recherche et développement dans la croissance en y consacrant des investissements non négligeables. Cependant, des efforts restent à faire.
Bien, mais peut mieux faire. C’est le satisfécit qu’on pourrait décerner en général aux gouvernements africains, dans le domaine de la recherche et développement (R&D). Le Kenya et l’Afrique du Sud sont les bons élèves en la matière avec respectivement 0,79 et 0,73% du produit intérieur brut (PIB) consacrés aux dépenses intérieures de recherche et développement (DIRD). En Afrique de l’Ouest, le Mali (0,66%) et le Sénégal (0,54%) sortent du lot et se rapprochent de l’objectif 1% fixé par l’Union africaine. Ces financements sont principalement fournis par les États. On note également l’intervention de bailleurs de fonds étrangers dans certains pays comme le Burkina Faso (60% de participation), le Sénégal (41%) et le Ghana (31%). «En Gambie, près de la moitié des DIRD sont financées par des sources privées à but lucratif», précise l’Unesco. Ces DIRD sont essentiellement consacrées aux administrations publiques et à l’enseignement supérieur.
Des chercheurs, on en cherche…
Qui dit R&D pense forcément aux chercheurs. Le Sénégal en comptait le plus grand nombre en 2010 avec 361 chercheurs en équivalent temps plein (ETP) en millions d’habitants en Afrique de l’Ouest, loin devant le Cap-Vert (51 en 2011), le Burkina (48) et le Ghana (39). En Afrique de l’Est, le Gabon et le Kenya en détiennent le plus grand nombre. L’Afrique du Sud reste loin devant avec 818 chercheurs par millions d’habitants en 2013. Quant aux chercheuses, elles représentent environ un quart des effectifs au Sénégal, au Nigéria et au Cap-Vert.
Les productions scientifiques restent faibles en Afrique subsaharienne. Le Nigéria, avec notamment 1.961 articles entre 2005 et 2014, et le Ghana qui a triplé son volume pour atteindre la barre des 579 articles sur la même période montrent l’exemple. Le Sénégal occupe le troisième rang sans la région avec 338 articles.
Les statistiques révèlent une faible collaboration intra-régionale dans la publication des articles. Seuls 4,1% des articles publiés par des scientifiques africains ont été rédigés en collaboration avec des auteurs du continent entre 2005 et 2007, et 4,3% entre 2008 et 2010, selon un rapport sur la production scientifique dans l’Union africaine entre 2005 et 2010 publié par l’Observatoire africain pour la science, la technologie et l’innovation. L’Afrique du Sud, le Burkina et le Sénégal sont les principaux partenaires africains d’après l’Unesco. La nation arc-en-ciel a d’ailleurs signé des accords avec le Nigéria, le Ghana et le Mali pour renforcer la coopération scientifique et technologique.
Encourager une convergence des programmes de recherche
Les scientifiques africains ont plus tendance à collaborer avec des auteurs en dehors du continent. Entre 2008 et 2014, dans la zone de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), plus de 80% des articles scientifiques ont été rédigés en collaboration avec des partenaires étrangers (États-Unis, France, Royaume-Uni) dans leurs publications. Globalement, en Afrique subsaharienne le taux moyen de cette collaboration est de 63%, loin devant ceux des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et du G20 estimés respectivement à 29% et moins de 25%. Ces écrits scientifiques sont essentiellement consacrés aux sciences médicales et biologiques. L’agriculture, secteur phare de l’économie africaine, est reléguée au second plan. Le Nigéria fait figure d’exception avec 1.250 articles de recherches dans ce domaine entre 2008 et 2014. Pour ce qui est des brevets, le Cameroun et le Kenya s’affichent parmi les bons élèves. Le premier a obtenu quatre brevets d’invention en 2010, trois en 2012 et quatre en 2013, tandis que le second en a enregistré sept entre 2010 et 2013.
De plus en plus d’initiatives voient le jour pour encourager la collaboration et la mobilité des scientifiques du continent. Parmi celles-ci, la création en 2012 de 14 centres d’excellence par les États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Ces pôles d’excellence devaient aussi encourager la diffusion des résultats de recherche entre chercheurs, et une convergence des programmes de recherches.