Le Groupe OCP semble amorcer une nouvelle phase dans son développement en Afrique subsaharienne. Les prochaines usines d’engrais prévues au Rwanda, en Ethiopie, et au Nigéria le confirment.
Produire plus d’engrais à partir de l’Afrique subsaharienne, on pourrait ainsi résumer la nouvelle stratégie du marocain OCP sur le continent. Il a enclenché de grands projets dans ce sens dans deux pays d’Afrique de l’Est : Rwanda et Éthiopie. Lors de la dernière visite du Roi Mohammed VI à Kigali, le groupe a signé un mémorandum d’entente avec le ministère de l’Agriculture et des ressources animales rwandais pour la mise en place d’unités de blending de production d’engrais dans le pays, destinées aux agriculteurs rwandais.
Durant le séjour royal en Éthiopie, il a paraphé un partenariat stratégique avec le ministère des Entreprises publiques éthiopien pour la construction d’une usine de production d’engrais dénommée «Dawa Fertilizer Complex». Cette plateforme d’un investissement total de 3,7 milliards de dollars sera construite en deux phases. La première phase (2,4 milliards de dollars) consiste en la construction d’une unité de production d’une capacité de 2,5 millions de tonnes par an à l’horizon 2022, pour permettre à l’Éthiopie «d’être autosuffisante en engrais». D’après l’OCP, elle disposera d’infrastructures comprenant la logistique, l’accès aux intrants, le stockage et le transport.
Une usine de 1 million de tonnes au Nigéria La deuxième phase (1,8 milliard de dollars), prévue d’ici 2025, porte sur l’augmentation de la capacité totale de l’usine à 3,8 millions de tonnes d’engrais par an «pour soutenir la croissance de la demande locale». Au total, cette plateforme comptera au total «9 unités, augmentant ainsi la production de 50% par an».
Début décembre 2016, le groupe marocain a posé un grand jalon dans sa nouvelle stratégie africaine en signant, à Abuja, un accord avec le groupe nigérian Dangote Industries pour la construction d’une plateforme de production d’engrais au Nigéria alimentée par du phosphate marocain et du gaz nigérian. Dans un premier temps, les deux groupes mettront en commun des unités de production complémentaires en cours de construction à Jorf Lasfar au Maroc et à Lekki Free Zone au Nigéria, avec un actionnariat qui sera géré par les deux groupes. D’après l’OCP, cette nouvelle structure, qui a nécessité un investissement de 2,5 milliards de dollars déployés par les deux partenaires, «développera par la suite une usine d’engrais additionnelle au Nigéria avec une capacité initiale annuelle d’un million de tonnes à l’horizon 2018, et qui pourrait être portée à 2 millions de tonnes à terme». Cette usine alimentera le marché nigérian et régional.
En dehors de cet accord, le groupe marocain a signé un protocole d’accord avec l’Association nigériane de producteurs et de distributeurs d’engrais (Fepsan). Objectif «sécuriser, pour les trois prochaines années, l’approvisionnement d’engrais phosphatés adaptés aux besoins du fermier nigérian», indique l’OCP.
Ces nouveaux projets surviennent quelques mois après la création de «OCP Africa», entité dédiée à l’Afrique subsaharienne. Autant dire que l’Afrique subsaharienne, où l’agriculture polarise en moyenne 70% de la population, représente aujourd’hui un marché stratégique pour «le premier producteur mondial de phosphate»