Si l’Afrique traîne encore les pieds dans le secteur de la transformation, d’autres pays accélèrent la cadence. C’est le cas des Pays-Bas et de certains pays du Sud Est asiatique.

L’expérience de l’Europe en termes de transformation devrait inspirer les pays africains. Le Vieux continent a très vite compris les enjeux de la transformation des produits alimentaires en mettant sur pied une industrie solide. Il s’affiche aujourd’hui comme un des leaders dans le domaine. En 2012 par exemple, l’Europe était le premier broyeur mondial des fèves brutes de cacao avec 1,5 millions de tonnes, suivi de l’Asie avec 850.000 tonnes broyées, et l’Afrique avec 717.000 tonnes broyées. Cette hégémonie, l’Europe la doit en grande partie aux Pays-Bas qui sont la locomotive de cette réussite. Au royaume «orange» quatre entreprises transforment plus de 425.000 tonnes de fèves brutes chaque année, soit 15% de la production mondiale. C’est la plus forte concentration de sociétés de transformation de cacao dans le monde. Les produits dérivés sont souvent le beurre de cacao et la poudre de cacao. La capitale Amsterdam est le premier port d’importation du produit avec plus de 700.000 tonnes de fèves. Cette dynamique industrielle est le résultat de conditions météorologiques favorables notamment, un climat doux. Qui plus est, les Pays-Bas disposent de ressources en gaz naturel qui leur permettent de produire de l’énergie assez conséquente pour le développement de son industrie, sans oublier les réseaux de transport d’eau et de fèves qui facilitent l’acheminement des produits du port vers les usines de transformation.

L’Asie s’y met aussi …
Quittons maintenant le port d’Amsterdam, pour accoster au port de Jakarta, en Indonésie. Là également, la transformation n’est pas un vain mot. L’Indonésie est le 3e producteur mondial de cacao, derrière la Côte d’Ivoire et le Ghana. Désormais, le plus grand pays musulman souhaite se concentrer davantage sur la transformation. Pour ce faire, elle prévoit d’accroitre ses importations en provenance d’Afrique à travers les multinationales qui gèrent le secteur, et la suppression de la taxe de 5% sur les fèves importées. Le Vietnam aussi compte surfer sur la même vague. La nouvelle approche de ces deux pays de l’Asie du Sud Est est loin d’être anodine. En effet le nombre de consommateurs de chocolat, un des produits dérivés du cacao, ne cesse d’augmenter dans ce continent. Les plus fortes hausses sont notées en Chine, où la population consomme entre 15% et 25% par an. A en croire l’Organisation internationale du cacao (Icco), en 2012 la consommation a progressé de 10% en Asie. D’après les prévisions, Pékin pourrait même détenir 20% de la production mondiale de cacao en 2016. La Côte d’Ivoire et le Ghana devraient donc s’inspirer de ces cas d’école d’autant plus qu’on constate une forte hausse de la demande en produits chocolatiers. En 2013, la consommation de chocolat dans le monde à atteint pour la première fois la barre des 4 millions de tonnes, soit 32% de plus qu’en 2003. Une hausse de la demande qui a entrainé une hausse de 40% des prix du cacao en un an. Autant de facteurs motivants pour développer le secteur de la transformation locale.

Par E.S.