Le Plan de transition énergétique du Nigeria permettra de réaliser l’accès universel à l’énergie d’ici à 2030 et un système énergétique neutre en carbone d’ici à 2060, tout en accélérant la croissance économique et le développement. Cet ambitieux projet sera soutenu d’une enveloppe de 3 milliards de $.
Daouda Mbaye, journaliste
A la COP26, tenue à Glasgow l’année dernière, le Président Muhammadu Buhari annonçait l’ambition du Nigéria d’atteindre un niveau net zéro émission d’ici 2060, en s’appuyant sur le Plan de transition énergétique du pays, élaboré par la Commission de Transition Énergétique, en vue de définir le processus unique de transition énergétique du Nigéria. Aujourd’hui, le gouvernement fédéral du Nigeria a affirmé son engagement en faveur d’un monde durable avec le lancement mondial du Plan de Transition Énergétique du pays. Au cours de la cérémonie de lancement présidée par Prof. Yemi Osinbajo (SAN- Senior Advocate of Nigeria), Vice-président du Nigeria, il a été dévoilé un soutien de 1,5 milliard de $ de la Banque mondiale. Une bonne nouvelle appelant une autre, le Nigeria espère obtenir une autre enveloppe financière équivalente de de 1,5 milliard de $ auprès d’une institution basée aux États-Unis.
La cérémonie de lancement de ce programme à laquelle ont participé plusieurs représentants du gouvernement, des partenaires du secteur privé, des institutions de financement du développement, des organisations philanthropiques et des organisations internationales, illustre le leadership politique du pays dans le secteur énergétique mondial, et en particulier sur le continent africain, et démontre la volonté et la capacité de la communauté mondiale à soutenir une transition énergétique juste, équitable et inclusive. C’est du moins ce qui ressort d’un document, rendu public, qui nous est parvenu.
Pour une transition énergétique juste, inclusive et équitable
La cérémonie a aussi été marquée par les interventions d’éminents ministres et responsables nigérians, dont M. Mohammed Abdullahi, ministre de l’Environnement, M. Abubakar Aliyu, ministre de l’Énergie, M. Babatunde Fashola, SAN, ministre des Travaux publics et du Logement, Mme Zainab Ahmed, ministre des Finances, M. Ahmad Salihijo, directeur général de l’Agence d’électrification rurale du Nigeria, ainsi que des ministres d’autres pays africains, dont Mme Aissatou Sophie Gladima, ministre du Pétrole et des Énergies du Sénégal et M. Mohamed Shaker El-Markabi, ministre égyptien de l’électricité et des énergies renouvelables, ainsi que des dirigeants de la communauté internationale, notamment des Nations Unies, de l’Organisation Sustainable Energy for All, de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, de l’IRENA, de la Fondation Rockefeller et de la Global Energy Alliance for People and Planet. Tous les intervenants ont félicité le Nigeria pour son leadership et son rôle de pionnier dans la région, en soulignant la nécessité de Plans de transition énergétique nationaux fondés sur des données qui reconnaissent les voies uniques que chaque pays doit emprunter pour parvenir à une transition énergétique juste, inclusive et équitable pour tous.
Pour rappel, le Nigéria soutint la cause d’une transition énergétique juste, équitable et inclusive en sa qualité de champion du thème mondial de la transition énergétique lors du Dialogue de Haut Niveau des Nations unies sur l’Energie (HLDE), et a soumis un ambitieux pacte énergétique aux Nations unies qui mettait en avant ses priorités immédiates, à savoir permettre l’électrification pour 25 millions de personnes dans 5 millions de foyers et l’exploitation des ressources en gaz naturel, pour assurer l’accès à des services énergétiques modernes pour la cuisson d’ici 2027. Cette ambition est soutenue par un outil de planification énergétique intégré, lancé au début de l’année, qui montre comment le pays utilisera les données géospatiales et la modélisation pour identifier la combinaison de technologies et de dépenses nécessaires pour atteindre l’accès universel à l’énergie.
Un système énergétique neutre en carbone d’ici 2060
Le programme soutient les objectifs du pays, à savoir l’accès universel à l’énergie d’ici 2030 et un système énergétique neutre en carbone d’ici 2060, tout en fournissant suffisamment d’énergie pour alimenter l’industrie et d’autres utilisations productives. Le plan est soutenu par Sustainable Energy for All et la Commission de Transition Energétique (ETC) de la COP26. Il est vrai que l’analyse de cet ambitieux programme nécessite 410 milliards $ de plus que les dépenses habituelles dans l’ensemble de l’économie, soit environ 10 milliards $ par an jusqu’en 2060 pour atteindre ses objectifs.
Justement, Pr Yemi Osinbajo (SAN) est conscient que pour l’Afrique, le problème de la pauvreté énergétique est aussi important que nos ambitions climatiques. Il trouve que l’utilisation de l’énergie est cruciale pour presque tous les aspects imaginables du développement. Il ajoutera par la suite : « Bien que les besoins énergétiques actuels non satisfaits de l’Afrique soient énormes, la demande future sera encore plus importante, en raison de l’expansion des populations, de l’urbanisation et de l’accession à la classe moyenne. Il est clair que le continent doit s’attaquer à ces contraintes énergétiques et qu’il aura besoin d’un soutien extérieur et d’une flexibilité politique pour y parvenir. »
Diversifier les partenariats
Compte tenu de la nécessité urgente d’une action rapide en faveur du climat, conformément à l’Accord de Paris, le Nigéria recherche davantage de partenaires spécialisés dans l’innovation et le financement à grande échelle pour permettre une transition stable sur les marchés de l’énergie et favoriser des solutions de transition ascendantes en matière d’adaptation et de résilience, de solutions fondées sur la nature, de services énergétiques modernes pour la cuisson, du genre et des emplois verts
Pour Shubham Chaudhuri, Directeur national du Nigeria, Banque mondiale, l’institution de Bretton Woods prévoit de déployer plus de 1,5 milliard $, en faveur du Plan de transition énergétique sur les énergies renouvelables, sur les réformes du secteur de l’électricité, sur la cuisine propre, et partout où des opportunités se présentent.
De son côté, Adam Cortese, PDG de Sun Africa, a soutenu que le lancement du Plan de transition énergétique du Nigeria a encore accéléré leurs efforts, prouvant ainsi que le Nigeria est un terrain fertile pour les investissements américains dans ce secteur.