Plus de 250 délégués se sont réunis, les 23 et 24 mai 2023 à Rabat, au Maroc, lors du Forum des Maires sur la culture sur le thème « Faire de la culture un pilier du développement durable de nos villes et territoires ». Ce fut une étape majeure pour le développement des politiques culturelles dans les villes et territoires en Afrique
Boubker El Badri, Journaliste
En marge de la célébration de Rabat, « la toute première Capitale Africaine de la Culture », organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, a été organisé le Forum des Maires de la culture. La cérémonie d’ouverture officielle a été marquée par la présence de M. Mohammed Mehdi Bensaid, ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mme Asmaa Rhlalou, Présidente du Conseil Communal de Rabat, Mme Fatimetou Abdel Malick, Présidente de la Région de Nouakchott et Présidente de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), M. Giorgio Ficcarelli de la Commission européenne et M. Jean Pierre ElongMbassi, Secrétaire Général de CGLU Afrique. En plus de ces personnalités officielles, de nombreuses personnalités inspirantes ont souligné l’importance de la culture dans le développement durable des villes et territoires africains.
Le Forum a d’abord été marqué par un discours liminaire sur « Exploiter la culture et le patrimoine pour remodeler les mentalités en vue de la transformation structurelle de l’Afrique » par M. CelestinMonga, Économiste, Professeur à l’Université de Harvard aux États-Unis.
Des thématiques culturelles pour booster le développement
Le Forum a organisé des réflexions entre maires et dirigeants des collectivités territoriales autour de différents axes, à savoir « Nouvelles perspectives de développement des villes et territoires africains grâce à la culture et aux industries créatives », présenté par Mme Valérie Marcolin, Experte, Association Culture et Développement, suivi d’une table ronde réunissant les maires de Nouakchott en Mauritanie, Dakar au Sénégal, Kibouende au Congo, et le président de l’Association des Autorités Locales de Namibie, puis« Placer la culture et les industries créatives au cœur de l’attractivité et du développement des villes et des territoires : enseignements tirés de l’expérience des capitales européennes de la culture », présenté par M. Jordi Pascual, Responsable de la Commission Culture, Secrétariat mondial de CGLU ; suivi d’une table ronde réunissant la ville de Bologne en Italie, la ville de Bilbao en Espagne, la ville d’Izmir en Turquie, la ville de Matera en Italie, etc.D’autres volets sur « Concevoir une politique locale sur la culture, le patrimoine et les industries créatives en utilisant les 7 clés proposées par la Commission culture de CGLU », a été présenté par M. Antoine Guibert, expert de l’Agenda 21 de la culture de CGLU ; suivi d’une table ronde réunissant la ville de Lilongwe au Malawi, la ville de Bulawayo au Zimbabwe, la commune de Yoff à Dakar au Sénégal, et la commune de Yopougon à Abidjan en Côte d’Ivoire, ou encore sur « Le Manifeste pour le Renouveau de la Culture Africaine et Afro-descendante »,présenté par M. Eugène Ebodé, écrivain et administrateur de la Chaire des littératures et des arts africains à l’Académie du Royaume ; suivi d’une table ronde des associations nationales de gouvernements locaux et infranationaux : l’Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC), l’Association Nationale des Gouvernements Locaux du Nigeria (ALGON), l’Association des Maires de Centrafrique (AMCA), l’Association Nationale des Maires des Comores (ANMC), et l’Association sud-africaine des gouvernements locaux (SALGA). Un dernier panel sur « Vers un label « Copyright Friendly » pour la protection des droits d’auteurs »,a été présenté par M. Samuel Sangwa de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs pour l’Afrique ; suivi d’une table ronde avec un représentant des régulateurs ; la directrice du Bureau Marocain des Droits d’Auteur; un représentant des élus chargés de la commission culturelle des villes ; le directeur du Movement of Creative Africa (MOCA), et le Conseiller artistique de la ville de Paris.
La culture comme accélérateur de la ZLECAf
A noter que le Forum a accueilli favorablement la proposition des ministres africains de la Culture d’organiser une conférence économique sur la culture et les industries créatives, réunissant les acteurs des industries culturelles et créatives ainsi que les collectivités territoriales, avec les ministres de la Culture, les ministres du Commerce, les ministres de l’Économie et des Finances, afin de réfléchir aux chaînes de valeur des industries culturelles et créatives, dans le but d’intégrer la culture comme l’un des principaux piliers pour la réalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Si pour M. Mohammed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, « la promotion la diversité culturelle prime par la refonte des politiques culturelles et la créationd’un espace d’échange à la fois physique et culturel, une expérience à dupliquer sur l’ensemble du continent », Mme Fatimetou Abdel Malick, Présidente de la Région de Nouakchott et Présidente de CGLU Afrique, a exprimé, quant à elle, sa vision. De son avis« Ce forum offre une occasion unique de réfléchir à la façon dont nous pouvons faire de la culture le quatrième pilier du développement durable de nos villes et territoires. Ensemble, nous pouvons créer des politiques culturelles innovantes et inclusives qui renforceront notre tissu social et économique. »
Tour à tour, Mme Asmaa Rhlalou, Présidente du Conseil de la Ville de Rabat, a souligné l’importance du rôle du maire dans le développement des politiques culturelles, la décentralisation et de régionalisation aidant, tandis que M. Giorgio Ficcarelli, de la Commission européenne, a mentionné l’engagement de l’Union européenne en faveur de la promotion de la culture en Afrique, misant sur un dialogue avec l’Afrique qui repose sur la connaissance de la spécificité de la culture africaine.
Une série de mesures et recommandations
A l’issue des travaux, plusieurs résolutions ont été prises. Afin de maintenir la flamme de la culture africaine parmi les jeunes du continent et de la diaspora, le Forum a décidé que la culture devrait être incluse dans les programmes d’enseignement de nos pays, de même que la promotion d’une langue africaine commune pour faciliter la communication à travers le continent, sans oublier cependant la protection des langues africaines en voie de disparition.
Aussi, la protection de la propriété intellectuelle des artistes et de leur travail, ainsi que la préservation de l’identité culturelle africaine, devraient figurer parmi les priorités des industries culturelles et créatives en Afrique. Comme corollaire, l’adoption et la promotion du label « Copyright Friendly »
Un mécanisme panafricain, chargé de négocier avec les groupes exploitant des plateformes numériques et mobiles de diffusion et de promotion des œuvres culturelles et artistiques et leurs auteurs, ainsi que de la répartition et du paiement des droits aux artistes et compositeurs, a été proposé.
L’émergence des places culturelles en Afrique,la création d’une plateforme digitale d’enregistrement des talents africains dans les différents domaines du patrimoine, des arts, de la culture et des industries créatives, etc. ont été décidées. A l’unanimité, le Forum a adopté le Manifeste pour le Renouveau de la Culture en Afrique et dans sa Diaspora, pour défendre et promouvoir l’identité culturelle et l’authenticité de l’Afrique, à mettre en valeur l’excellence de la culture et de la créativité africaines dans le monde.
Enfin, le Forum a pris note de l’appel à candidatures (à envoyer au Secrétariat Général du CGLUA) pour être désigné la prochaine Capitale Africaine de la Culture. Le concours est ouvert à partir du 24 mai 2023.