La justice américaine est tentaculaire. Cela fait à peine trois jours que l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists) et 30 partenaires médiatiques ont publié l’enquête sur Ericsson (The Ericsson List), exposant les relations de la multinationale avec l’EI et une vague de corruptions en Irak.
La justice américaine a mis en place un système qui lui permet de traquer n’importe quelle entreprise suspecte de corruption, partout à travers la planète. Avec le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA), c’est un puissant outil qui lui permet de s’extéritorialiser. Justement, le ministère américain de la Justice vient de déclarer à Ericsson qu’elle avait « violé » son accord d’un milliard de dollars pour son incapacité à divulguer des fautes en Irak. C’est du moins ce que vient de confirmer Börje Ekholm, PDG d’Ericsson, aux investisseurs, analystes financiers et journalistes lors d’une conférence téléphonique.
La nouvelle survient alors que le cours de l’action d’Ericsson continue de chuter. Le cours de son action a chuté de plus d’un tiers depuis que la société a révélé pour la première fois qu’elle avait reçu des demandes des médias concernant ses opérations en Irak le mois dernier. En effet, une bourse suédoise déclarait qu’elle était « en dialogue » avec la société assiégée dans le cadre d’une enquête en cours pour savoir si elle avait indûment caché aux investisseurs des informations sur ses transactions en Irak. Par ailleurs, un analyste boursier basé à Londres a dévoilé à l’ICIJ que « les changements de direction semblent inévitables ».
Du contrôle de la corruption des compagnies transnationales
Pour le PDG d’Ericsson, il s’agit d’une affaire très grave et d’une faute à la fois embarrassante et inacceptable, avant d’ajouter que c’est leur ambition d’essayer de résoudre ce problème le plus rapidement possible.
Quant aux analystes de Citibank, ils ont écrit, quelques heures après le lancement de l’enquête : « Nous nous attendons à ce que les actions d’Ericsson soient ininvestissables pour la plupart des investisseurs dans un avenir prévisible ».
L’ICIJ continuera de suivre les retombées de la liste Ericsson. C’est l’occasion d’examiner des questions plus approfondies sur la manière dont la corruption des entreprises internationales est contrôlée. Reste maintenant à savoir ce que font les autres pays ou groupes de pays pour faire de même et poursuivre les compagnies américaines qui seraient coupables de corruption sur des marchés à travers la planète. Le rôle de gendarme reviendrait ainsi à la justice quel que soit le pays et pas à un seul !