Les atouts du modèle disruptif d’Holberton School
Née dans la Silicon Valley, en 2015, pour garantir une formation professionnalisante pour la génération d’ingénieurs de la Tech, Holberton School poursuit son expansion. En Afrique, où l’économie numérique représenterait 5,2 % du PIB, à l’horizon 2025 (+ de 180 milliards $), voire 712 milliards $, à l’horizon 2050, il est nécessaire d’y développer les compétences informatiques. Tout un écosystème entrepreneurial y attend de nouvelles compétences, notamment dans la fintech. Holberton entend contribuer à l’accès à une formation de qualité. Julien Barbier, CEO, nous en dit un peu plus.
African Business Journal : Le modèle Holberton permet de découvrir les bases fondamentales de l’informatique, à travers divers programmes. Qu’est-ce qui le distingue de l’enseignement classique ?
Julien Barbier : Holberton School est née dans la Silicon Valley, en 2015, avec une volonté de garantir une formation professionnalisante pour la nouvelle génération d’ingénieurs de la Tech. Notre objectif est de permettre à tous d’avoir accès à notre modèle de formation. Un modèle disruptif, c’est-à-dire que le professeur n’est plus au centre de la formation. C’est surtout l’apprentissage par la pratique et par les pairs qui est l’élément clé.
L’autre atout de nos formations réside dans notre outil : le “Checker”. Il s’agit d’une solution que nous avons créée spécialement pour les étudiants, pour corriger leurs lignes de code en indiquant une bonne ou mauvaise réponse. L’outil accompagne les étudiants dans la résolution des projets sans leur donner de réponse. Et cela dans le but de pousser les étudiants à se tourner vers leurs pairs.
Cette façon d’apprendre permet également le développement de soft skills, ou “compétences douces”, qui seront acquises et gardées tout au long de la formation et de la vie professionnelle de l’étudiant : travail en équipe, coordination, prise d’initiatives, débrouillardise et bien d’autres. Les étudiants ne s’aperçoivent pas qu’ils développent ces capacités, bien qu’elles soient de plus en plus recherchées par les recruteurs et très prisées de nos jours.
Les cursus “Bases fondamentales de l’informatique” et respectivement “Machine Learning, Réalité augmentée et Réalité virtuelle, Développement Web Full Stack, Low Level et Algorithmes, Développement Web Front-End, Développement Web Back-End” donnent-ils les résultats escomptés ?
Nous sommes ravis des résultats de nos formations, qui correspondent aux besoins immédiats du marché. Preuve en est, depuis cinq ans, la réussite de nos étudiants qui sont embauchés dans de grandes entreprises à travers le monde.
La rapidité de la formation et son intensité permettent à nos étudiants de devenir des professionnels aguerris en peu de temps, en leur donnant toutes les clés pour leur permettre d’évoluer au sein de leur structure professionnelle. Nous avons développé des technologies, des outils et des méthodes d’enseignement pour compléter et étendre les formations initiales ou encore combler les lacunes des étudiants et des employés.
Nos solutions ont été conçues et créées pour former les apprenants du monde entier, qu’ils soient débutants ou familiers avec les langages informatiques. À titre d’exemple, pour la Tunisie, l’Université d’Holberton Tunis a déjà formé environ 230 étudiants avec un taux de réussite de 93,33 % en première année. En deux ans, 26 % des élèves ont été embauchés avant la fin de leurs études, et 100 % à la fin de leurs études, par des entreprises locales ou des multinationales à l’étranger comme en France ou en Espagne.
Croyez-vous qu’Holberton réponde à la nécessité de former des développeurs informatiques de haut niveau en Afrique, pour permettre aux pays africains et au continent de gagner des parts de marché dans l’économie mondiale ?
La formation en matière de génie logiciel est devenue un sujet stratégique pour de nombreux gouvernements. Chaque entreprise devient une entreprise technologique et de nombreux pays ont investi, de différentes manières, dans la formation des talents locaux dont ils ont besoin, tout comme leurs startups et entreprises, pour continuer à innover et à être compétitifs sur les marchés locaux et mondiaux.
Le constat d’un besoin existant de développeurs informatiques en Afrique est visible à travers de nombreux indicateurs : en effet, l’Afrique ne compte que 700 000 développeurs de logiciels, contre 4,5 millions aux États-Unis et 6 millions en Europe !
Par ailleurs, selon le dernier rapport e-Conomy Africa 2020 de Google et de la Société financière internationale (IFC), l’économie numérique en Afrique pourrait représenter 5,2 % du PIB du continent à l’horizon 2025, soit un peu plus de 180 milliards de dollars. Et ce montant pourrait atteindre 712 milliards de dollars à l’horizon 2050, d’où la nécessité de développer les compétences informatiques, sur un continent où la population est jeune et ambitieuse.
C’est tout un écosystème entrepreneurial qui attend de nouvelles compétences. On peut prendre le cas du secteur de la fintech. L’Afrique se positionne aujourd’hui, et depuis quelques années, comme l’un des leaders mondiaux de la finance digitale. Mais à contrario, il y a deux gros problèmes : l’accès à la formation et la mise à disposition d’une formation de qualité. Holberton School essaie de résoudre ces deux problématiques, grâce à une formation de haut niveau, qui permettra à une génération africaine prometteuse d’accéder plus vite aux postes à pourvoir et au continent de rester dans la course mondiale.
Votre startup a levé 20 millions de dollars au mois d’avril pour se positionner en Afrique avec l’objectif de former plus de 500 000 ingénieurs de haut niveau d’ici 2030. Le but est de contribuer à former les étudiants localement et aider à ce qu’ils restent sur le continent. Vous êtes présents en Tunisie, en Afrique du Sud, au Nigéria, à Madagascar et dernièrement en Égypte. Une dizaine d’écoles vont être inaugurées dans un an. Quels sont les autres pays africains ciblés ?
Depuis avril 2020, nous avons multiplié par dix le nombre de nos étudiants en Afrique. Notre croissance s’accélère, avec déjà plus de 2 000 étudiants sur tout le continent. Elle va encore connaître une progression à deux chiffres dans les prochains mois et les prochaines années, que ce soit directement via nos écoles, comme c’est le cas aujourd’hui, ou via nos partenaires. En effet, les offres de service proposées par Holberton comprennent un modèle complet de franchise, ou des outils de formation à intégrer à un cursus : des projets de cas concrets et des outils d’automatisation de la notation. Nous proposons également des programmes sur mesure, grâce à un nouveau concept appelé « Système d’exploitation de l’éducation ».
Comme évoqué, nous avons pour objectifs d’ouvrir une dizaine d’écoles en Afrique d’ici la fin de l’année et nous sommes très confiants concernant les échanges en cours avec de nombreux pays. Nous ciblons toutes les zones de l’Afrique et toutes les zones linguistiques. Et plus particulièrement en Afrique centrale et en Afrique australe, où il y a de nombreuses opportunités pour le groupe Holberton.
Holberton enseigne le développement informatique à partir de zéro et est parvenu à former des milliers de développeurs qui ont été recrutés par Google, Amazon, Apple, LinkedIn ou encore Tesla. Croyez-vous connaître les mêmes réussites en Afrique, sans des enseignants formels et uniquement par l’apprentissage par projets alternatifs à la méthode traditionnelle ?
Aujourd’hui, la méthode traditionnelle ne suffit plus quand il s’agit de former efficacement dans un domaine comme l’ingénierie informatique. Notre enseignement a déjà fait ses preuves sur presque tous les continents. Nous avons ouvert, depuis 2016, 30 campus à travers le monde : États-Unis, Amérique latine, Europe, Moyen-Orient, Afrique et dernièrement Océanie. La méthode Holberton School attire et fait ses preuves auprès de grands groupes partenaires, comme l’université Anahuac au Mexique ou RealEstate en Australie. L’Afrique offre une véritable opportunité de par la demande exponentielle d’ingénieurs dans le numérique et le nombre croissant de postes à pourvoir. Les compétences acquises par nos étudiants sont bien évidemment et en premier lieu techniques. Notre enseignement peut être un atout indéniable pour les multinationales africaines, par exemple dans le secteur bancaire ou les administrations et plus globalement pour toutes les nouvelles startups qui accompagnent la dynamique de croissance du continent. Et la pandémie mondiale que nous vivons actuellement accentue l’embauche en Remote et les consultants basés en Afrique n’en sont pas exclus !
Propos recueillis par D. Mbaye