L’Allemagne veut renforcer sa coopération économique avec l’Afrique. Le prochain forum germano-africain devrait jeter les bases de cette nouvelle stratégie.
Soixante milliards de dollars. C’est le montant des échanges commerciaux annuels entre l’Allemagne et l’Afrique. Un chiffre qui est en deçà de ceux liant le continent avec la France et la Chine. En 2015, l’Afrique subsaharienne représentait 43% des exportations françaises et 42% de ses importations sur le continent, tandis que les échanges annuels avec Pékin ont atteint pas moins de 300 milliards de dollars dans la même année.
Berlin multiplie les initiatives pour rattraper son retard sur ses concurrents. La chancelière Angela Merkel a effectué, en octobre 2016, une visite de trois jours au Mali, au Niger et en Éthiopie pour vanter les opportunités de la coopération germano-africaine. L’économie a pris le relais de la diplomatie avec l’organisation du deuxième Sommet économique germano-africain les 9 et 10 février à Nairobi et qui réunit plus de 400 représentants, consultants et hommes politiques africains et allemands. L’augmentation des échanges commerciaux, l’investissement et la formation étaient au menu des discussions.
L’Afrique de l’Est, un marché attrayant
Le gouvernement germanique souhaite diversifier ses placements sur le continent. En effet, l’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Algérie concentrent, à eux seuls 90% des 10 milliards d’investissements annuels de l’Allemagne en Afrique. L’Afrique de l’Est attire particulièrement des entreprises allemandes. Siemens y construit actuellement un réseau de transmission d’électricité à haute tension, d’un coût de 450 millions de dollars, entre l’Éthiopie et le Kenya, sur une distance de 1.000 km. Volkswagen, pour sa part, prévoit d’ouvrir une nouvelle usine d’assemblage en Éthiopie et en Tanzanie après celles implantées au Kenya et au Rwanda. L’entreprise souhaite surfer sur le développement de la classe moyenne pour s’imposer sur ce marché.
Outre ces grandes multinationales, des PME allemandes (moins de 900 sur le continent) souhaitent aussi renforcer leur présence sur le marché africain, sous couvert de garanties d’États et de banques de développement, et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. Justement, deux accords ont été signés entre le ministre kényan des Finances, Henry Rotich, et Gerd Muller, ministre fédéral de la Coopération économique et du développement, pour l’ouverture au Kenya d’une université technique est-africaine, et le la mise en place d’un programme pour développer l’apprentissage dans ce pays.
Le premier Forum germano-africain qui se tiendra ce 23 mars à Francfort devrait jeter les bases de cette nouvelle stratégie.
Par Babacar Seck