Le 1er décembre 2024, l’Afrique du Sud a succédé au Brésil, autre membre des BRICS, à la tête du Groupe des 20, communément appelé le G20. C’est la première fois qu’un pays africain accède à cette présidence, l’Afrique du Sud étant d’ailleurs le seul pays du continent à faire partie de ce forum. Pour le président Cyril Ramaphosa, cette opportunité unique permettra de porter la voix de l’Afrique dans les grandes sphères de décision mondiale et d’accélérer son développement économique malgré les crises multiples qui secouent le monde.

Le G20, créé en 1999 à la suite de la crise financière asiatique de 1997-1998, est un forum international réunissant des pays développés et en développement pour trouver des solutions aux problèmes économiques et financiers mondiaux. Il regroupe les grandes puissances telles que les États-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et l’Inde, et représente 85 % du produit intérieur brut mondial ainsi que 75 % du commerce international. Si, à l’origine, le forum se concentrait sur les questions macroéconomiques, il s’est élargi au fil des années pour inclure des thèmes tels que le commerce, la santé et le changement climatique.

Les priorités de la présidence sud-africaine
Le 3 décembre 2024, Cyril Ramaphosa a présenté les grandes lignes de sa présidence sous le thème « Solidarité, égalité et développement durable ». Le chef de l’État sud-africain a réaffirmé sa volonté de placer les priorités de l’Afrique et des pays du Sud global au cœur des discussions du G20.

Lutte contre la dette et réformes financières
Le président Ramaphosa a mis en avant la viabilité de la dette des pays à faible revenu, qualifiée de « boulet insoutenable » pour leurs économies. Selon l’Agence des Nations Unies pour le commerce et le développement, la dette des pays africains a augmenté de 183 % depuis 2010, une progression quatre fois supérieure à leur taux de croissance économique sur la même période.

Le président sud-africain s’est engagé à promouvoir des solutions durables pour réduire les déficits structurels, améliorer les liquidités et alléger le fardeau de la dette des économies en développement. Ces efforts incluent des réformes visant à garantir des notations de crédit souveraines plus transparentes et à réduire les primes de risque élevées qui pénalisent ces pays.

Transition énergétique et changement climatique
Le financement d’une transition énergétique juste constitue une autre priorité essentielle. Le président Ramaphosa a souligné la nécessité d’accroître les flux de financement climatique vers les pays en développement, notamment à travers un renforcement des banques multilatérales de développement et une meilleure mobilisation des capitaux privés.

La transition énergétique revêt une importance cruciale, non seulement pour l’Afrique, mais également pour le monde entier, en raison de l’urgence climatique. Il est impératif de garantir l’accès à l’énergie pour les 750 millions de personnes qui n’ont toujours pas d’électricité, tout en répondant aux besoins futurs d’une population africaine appelée à doubler d’ici 2050.

Utilisation des ressources naturelles
L’Afrique du Sud ambitionne également de défendre l’exploitation des minéraux essentiels comme levier de développement. Des réformes sont nécessaires pour s’assurer que les pays riches en ressources naturelles et leurs communautés locales tirent pleinement parti de leur extraction.

Lutte contre la pauvreté, le chômage et les inégalités
La présidence sud-africaine prévoit de s’attaquer au triple défi de la pauvreté, du chômage et des inégalités, conformément à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, intitulé « L’Afrique que nous voulons ». Le développement du continent sera au cœur des priorités, en partenariat avec l’Union africaine, désormais membre à part entière du G20.

Coopération internationale et calendrier
Cyril Ramaphosa a appelé à des actions concrètes pour relever les défis mondiaux, tout en renforçant la coopération internationale sur la base d’un système fondé sur des règles.

Les travaux de la présidence sud-africaine du G20 ont commencé les 9 et 10 décembre 2024 à Johannesburg, capitale économique du pays, avec la première série de réunions des Sherpas, ces commissions chargées de transmettre les discussions et accords du G20.

La présidence sud-africaine, qui s’étendra sur un an, culminera avec le sommet des chefs d’État du G20 en novembre 2025 à Johannesburg.