Estimé à 88 millions €, dont 40 de la BAD, les travaux du Pont Rosso qui doit relier les deux rives du fleuve Sénégal au niveau des deux villes jumelles de Rosso, progressent convenablement. Annoncé depuis 2011, la construction de cet ouvrage d’art de près de 1,5 km, avait finalement commencé en catimini en 2019. La livraison est attendue courant 2023.
Daouda Mbaye, rédacteur en chef
La liaison entre le Sénégal et la Mauritanie devrait être beaucoup plus facilitée avec l’avènement du pont entre les deux Rossos- Rosso Sénégal et Rosso Mauritanie. Le pont, sur
1 481 m de longueur et 7,2 m de largeur, devrait être opérationnel incessamment. Vu l’importance de l’infrastructure, nous avons trouvé que le lancement des travaux par Macky Sall, président sénégalais, et son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, en fin novembre 2021 à Rosso-Mauritanie, n’a pas assez médiatisé.
Il va remplacer la traversée par deux bacs, dont l’un reposait au fond du fleuve depuis qu’il coula, appartenant à la Mauritanie, ou des pirogues de sénégalais, qui a prévalu jusqu’à présent… Fort heureusement, toutes entraves, qui retardaient les travaux et qui étaient liées à l’acquisition des terres nécessaires pour la construction et aux problèmes de financement, ont été résolues.
Parmi les travaux annexes, des gains de temps sur l’axe Dakar- Nouakchott distant de 550 km, le projet comprend la réhabilitation de 10 km de voirie urbaine dans la partie mauritanienne et la réalisation de 65 km de route à Rosso Sénégal.
Volonté commune de développement et tracasseries aux oubliettes
L’objectif premier de ce pont, en chantier sur le fleuve Sénégal, vise le renforcement des échanges commerciaux entre les deux pays, tout en favorisant l’intégration régionale. Aujourd’hui, cette passerelle doit relier. Il est le patrimoine des deux Etats, des deux peuples. Il faudra éviter que la Mauritanie, qui était propriétaire de deux bacs, accessibles par deux sas, bien contrôlés, à Rosso-Mauritanie, joue le jeu et atténue les tracasseries administratives, sous risque de réciprocités. Pour traverser par le bac, des passagers ont dû payer jusqu’à 5 tickets pour une seule personne, dès le seuil de la porte de sortie, avant de régler 1 000 ouguiyas, (à l’époque environ 3 €), sans aucun justificatif ni reçu, en retour- tenez-vous bien- respectivement à des éléments de la gendarmerie, de la police et de la douane ! Les passagers, qui refusent d’obtempérer exigeant des pièces justificatives de ces « taxes », sont tout simplement menacés de retourner en Mauritanie. En face, à Rosso Sénégal, il fallait débourser 200 f CFA et 100 f CFA, pour respectivement le stationnement et le marché de la commune de Rosso Sénégal, des débours justifiés par des reçus, soit environ 45 centimes d’euro.
Osons espérer que la volonté commune des chefs d’Etat sénégalais et mauritanien, mais aussi des peuples pour traverser plus facilement et rapidement le fleuve Sénégal qui sépare les deux pays, sera effective. Une fois que la frontière naturelle, qui a toujours constitué un obstacle, sera dépassée à la mobilité des personnes et des biens, il sera nécessaire de s’attaquer aux tracasseries qui freinent le trafic routier et une meilleure intégration régionale.
Derrière, le pont entre les deux Rossos, c’est l’axe corridor Transatlantique Tanger-Lagos, via Nouackchott, Dakar et Abidjan, qui se concrétise. A l’image des routes européennes, cette infrastructure vitale catalysera le développement de toute la sous-région.