Élu à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), le Mauritanien Sidi Ould Tah succède à Akinwumi Adesina. Ancien ministre et patron de la BADEA, ce technocrate arrive à un moment charnière pour l’institution, confrontée à des défis budgétaires et structurels majeurs.

Le Mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD) le 29 mai 2025, lors des assemblées annuelles de l’institution à Abidjan. Il succède au Nigérian Akinwumi Adesina, dont le second mandat s’achève en septembre. Avec 76,18 % des voix dès le troisième tour, Ould Tah s’est imposé face à ses concurrents, dont le Zambien Samuel Maimbo et le Sénégalais Amadou Hott .

Un parcours solide entre finance arabe et développement africain
Né en 1965 à Mederdra, Sidi Ould Tah est un économiste chevronné, diplômé de l’Université de Nice Sophia Antipolis, de la London Business School et de l’Université de Nouakchott. Il a occupé plusieurs postes clés en Mauritanie, notamment celui de ministre de l’Économie et du Développement entre 2008 et 2015.

En 2015, il prend la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), où il joue un rôle de pont entre les financements du Golfe et les besoins africains. Sous sa direction, la BADEA a mobilisé jusqu’à 50 milliards de dollars pour des projets de développement sur le continent.

Son leadership a été particulièrement salué lors du transfert temporaire du siège de la BADEA à Riyad en 2023, en raison du conflit au Soudan. Il a su maintenir la continuité des opérations et la confiance des partenaires.

Des défis majeurs à la tête de la BAD
La présidence de la BAD s’annonce complexe pour Sidi Ould Tah. L’institution doit faire face à une réduction significative de ses financements, notamment avec une coupe de 555 millions de dollars de la part des États-Unis. Cette situation intervient dans un contexte où les pays africains sont confrontés à des crises de la dette, des chocs climatiques et une baisse de l’aide internationale.

Pour répondre à ces défis, Ould Tah prévoit de renforcer les partenariats avec les États du Golfe afin de financer des projets d’infrastructure à travers le continent. Il devra également mobiliser des ressources innovantes et promouvoir une plus grande résilience économique en Afrique.

Son expérience en matière de coopération arabo-africaine et sa capacité à naviguer dans des environnements complexes seront des atouts majeurs pour guider la BAD dans cette période charnière.

Marie Suzanne Batista