Juste après son élection à la tête de la Commune de Ziguinchor, Ousmane Sonko, leader du parti d’opposition PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), avait initié un vaste programme de développement local, baptisé Burok. Mercredi 26 avril 2023, il a annoncé le lancement dans la ville de 12 chantiers structurants, d’un montant d’environ 11 milliards f CFA.
Daouda MBaye, rédacteur en chef
Décidément, Ousmane Sonko fait partie de ces dirigeants politiques qui privilégient l’action plutôt que la parole. Depuis qu’il a été nommé maire de la commune de Ziguinchor, plus importante agglomération de la verte Casamance, il a imprimé une démarche nouvelle dans la gestion de la ville. Il donne un sacré coup de fouet au Plan de développement communal. D’abord avec son programme Burok (Travail en langue Diola), singulièrement dans sa veine l’économie solidaire (créer une oasis de prospérité, bien-être, et fierté), il a appelé ses concitoyens à participer à l’essor de la ville, en mettant la main à la poche pour financer certains projets de développement inclusif. Pour rappel, les principaux leviers de ce programme sont le Fonds Municipal pour le Développement Économique et Social (FOMUDES), la Mutuelle Municipale d’Épargne et de Crédits (MUMEC), et la Couveuse d’Entreprise pour la Promotion de l’Auto-emploi (CEPA).
Conscient du manque de moyens financiers des communes en général au Sénégal et d’éventuelles entraves de l’Etat central à un maire opposant à la mouvance au pouvoir, l’édile de la ville verte de Casamance avait pris cette option.
«Hercule» Sonko entre en lice
Annoncés lors de la célébration de la fête de la Korité (Fin du Ramadan), quelque 12 chantiers structurants ont été présentés mercredi 26 avril 2023 dans la salle Souleymane Dimitri Ndiaye du CDEPS archicomble. Grosso Modo, il s’agit de deux gros lots de travaux relatifs, d’une part, au réaménagement de marchés existants et à la construction de nouveaux marchés assainis et sûrs (aux Poissons et de Gros pour produits agricoles), d’équipement de centres de santé pour améliorer l’accès aux soins de santé et renforcer les infrastructures médicales, à l’aménagement d’espaces verts et de loisirs, à des travaux de voiries et d’éclairage urbain (relevant de la commune, dans le cadre des compétences délocalisées), à la mise à niveau aux standards internationaux du stade Jules François Bocandé de Néma, à l’érection d’une Maison des Jeunes, à la construction de salles de classes dans les écoles pour moins de promiscuité, à des travaux de clôture de toutes les écoles, à la réhabilitation de cimetières, et, d’autre part, aux travaux du Canal de Korentas qui devra traverser la ville. Respectivement ces deux lots vont nécessiter une enveloppe de 5 et 6 milliards f CFA. Si aucun délai n’a été précisé quant à la livraison des travaux, il a été clairement indiqué qu’ils sont prévus dans le court, voire très court terme, pour peu que les aléas climatiques le permettent.
Changer le visage de ville
Si pour le premier lot, le financement est quasi-acquis- ficelé, à 90%, précisera le Maire- pour le deuxième lot, dont les études ont été faites à titre gracieux par le Cabinet de l’architecte, Pierre Goud aby Atépa, fils de la région et récemment porté à la tête du Club des investisseurs sénégalais, l’enveloppe, à hauteur de 6 milliards f CFA sera octroyé par des partenaires au Cabinet d’architecture. Ce dernier projet, parmi l’un des plus structurants, alliera confort, utilités et farniente aux habitants et visiteurs de Ziguinchor. Entièrement Green, il permettra de générer des revenus par les différents commerces, cafés-restaurants et aires de jeux, à disposer tout le long.
Entouré de ses collaborateurs du Conseil municipal, de ses pairs des communes de Mlomp et de Bignona, le maire de Ziguinchor à remercier ses partenaires nationaux et internationaux. D’ailleurs, le représentant de l’AGETIP est intervenu pour confirmer l’entame, le démarrage incessant et la concrétisation des chantiers. Un appel pressant a été lancé, par Ousmane Sonko et ses collaborateurs, en charge du projet de lutte contre la précarité, aux Ziguinchorois, aux sénégalais et à la diaspora, afin de contribuer au succès du Programme Burok, notamment aux 100 000 premiers devant apporter 50 000 f CFA, soit environ 75 €. L’édile de Ziguinchor en a profité pour remercier son compatriote le Pr Samba Mbaye, originaire de la ville qui offre 600 fourneaux améliorés aux ménages de la ville ; un clin d’œil écologique à la verte Casamance dont les forêts sont menacées par endroits et qu’il est nécessaire de sauvegarder.
Aucune place à la concussion
A la lumière des niveaux de budgets annoncés pour ces chantiers et fidèle à l’approche de son parti, Ousmane Sonko, non moins candidat à la présidentielle de 2024 au Sénégal, a fustigé la surfacturation de projets dans le pays et réitéré sa volonté ferme de lutter contre toute tentative de corruptions et malversations. Il a en outre rassuré ses concitoyens- qu’il a du reste relancé à payer leurs taxes- que les revenus fiscaux serviront ce que de droit.
Au sortir de cette rencontre, on peut croire que rien, ne sera plus comme avant à Ziguinchor, du moins en ce qui concerne les compétences transférées, le Pacasen (Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal) aidant.
Globalement, en termes d’utilités, le leader du PASTEF promet la construction et l’amélioration de voiries pour faciliter la circulation et la connectivité, de fournir des infrastructures éducatives de qualité, d’améliorer les systèmes d’assainissement, telles que des systèmes de gestion des eaux usées et des systèmes de traitement des déchets solides, de fournir un éclairage urbain à partir d’une énergie propre et fiable, un aménagement des espaces publics, la création de parcs et jardins, et l’embellissement des quartiers pour améliorer la qualité de vie des habitants, et pour un développement des industries touristique, agroalimentaire, des TIC… tout un train de mesures sera mis en branle pour stimuler l’activité économique locale. A titre d’exemple, à terme, Ousmane Sonko envisage la création de zones industrielles, la promotion de l’entrepreneuriat, avec des noix de cajou valorisés sur place, contre un export actuel à 90% de cette matière première sur l’Inde.