L’Afrique risque de dépenser 110 milliards de dollars en importations alimentaires d’ici 2025, à cause des pertes post-récoltes.
Trente-cinq millions de dollars. C’est la somme que l’Afrique débourse chaque année pour importer des denrées alimentaires. C’est ce qu’ont révélé des experts qui participaient à une rencontre initiée par l’Initiative YieldWise de la fondation Rockefeller. D’après eux, les problèmes liés aux pertes post-récoltes sont un frein pour le développement du secteur agricole et pourraient contraindre le continent à dépenser 110 milliards de dollars d’ici 2025 pour l’importation de nourriture. À titre d’exemple, 20% de toutes les récoltes obtenues sont perdues à cause de ce phénomène. «La plus grande partie de la nourriture produite sur le continent est perdue au niveau de la ferme, en raison d’une gestion des récoltes assez faible, de l’absence d’espace de stockage et des difficultés d’accès au marché», précise Mamadou Bitèye, directeur général pour l’Afrique de la fondation Rockefeller.
Les importations de denrées alimentaires fragilisent les producteurs et entrepreneurs locaux, et impactent les dépenses des ménages. Une étude du Département américain d’économie agricole (USDA) publiée en juillet 2014 a révélé la liste des pays africains où le budget en nourriture consommée à la maison est le plus élevé. Le Cameroun (45,9% du budget des familles consacrés à l’alimentation en 2012), le Kenya (44%), l’Algérie (43,7%), l’Égypte (425,7%), le Nigéria (39,5%) et l’Afrique du Sud (19,4%) occupent les sept premières places. Ces importants s’expliquent, selon l’USDA, par la cherté des denrées alimentaires et l’absence ou la faiblesse d’une production agricole locale.
Une meilleure gestion des récoltes s’impose donc pour résoudre cette problématique. Le Kenya semble montrer la voie à suivre. «Les producteurs de Makueni, au Kenya, ont augmenté les volumes de leur production, disponibles sur le marché. Grâce à l’application de ces technologies dans l’usage des pesticides, l’entretien des cultures et l’adoption de techniques de récolte plus hygiéniques, leurs volumes sont passés de 100 à 200 tonnes, soit du simple au double», indique Mamadou Bitèye.