«Un clic pour changer le monde». C’est le slogan accrocheur de la start-up Bassita. Cette entreprise égyptienne fondée en août 2014 est le précurseur du clickfunding. Le concept est simple : l’entreprise lance sur les réseaux sociaux des vidéos ludiques qui présentent des micro-projets de développements et invitent les internautes à «twitter», «liker», «partager» ou commenter. Des sponsors s’engagent à financer le projet une fois un certain nombre de clics atteint.

Les artisans de cette innovation : Salem Massalha et Alban de Ménonville, deux jeunes trentenaires venus de France et installés depuis plusieurs années au Caire. Le déclic : la révolution égyptienne. «Le clickfunding a été inspiré par la révolution égyptienne du 25 Janvier (2011), où l’on a pu constater la puissance des réseaux sociaux. On s’est dit que si l’on pouvait trouver un moyen innovant d’intégrer l’incroyable énergie de la jeunesse sur les réseaux sociaux, afin de créer un impact durable pour créer une société meilleure, on aurait un modèle très puissant», nous indique Salem Massalha. D’après lui, l’objectif est de transformer l’internaute en philanthrope, «car juste en twittant, partageant ou visionnant une vidéo, il devient un web philanthropiste. Son clic permet de créer un impact quantifiable».

Autrement dit, le clickfunding dévoile des facettes insoupçonnées de ce village virtuel. Il promeut un usage responsable et rentable : «L’idée c’est de dire à la masse des utilisateurs des réseaux sociaux que leurs clics ont un impact. Les entreprises paient une fortune pour générer des clics. Alors, nous disons aux utilisateurs internet, imaginez-vous si 100 millions d’entre nous cliquent pour apporter des panneaux solaires dans une capitale africaine, des centaines de marques seraient prêtes à soutenir le projet», souligne-t-il.

Plus que de la RSE 2.0…
C’est également une vitrine de choix qui permet aux annonceurs de faire de la RSE 2.0 qui touchera une masse critique d’utilisateurs et potentiels clients. «Ce que l’on dit souvent aux sponsors, c’est que plutôt que de mettre une pub sur un bord d’autoroute qui ne sensibilisera personne, travaillez avec la cause et l’utilisateur internet pour un monde meilleur. Les retombées pour la marque seront plus importantes et plus positives», souffle-t-il.
Le choix porté sur le clickfunding au détriment du crowdfunding n’est pas anodin. En Égypte, zone d’expérimentation de ce projet, seuls 7% de la population posséderaient une carte de crédit. Un faible taux qui contraste avec la forte pénétration d’internet avec pas moins de 22 millions de personnes connectées, ce qui fait de lui le premier pays arable en termes d’utilisateurs de réseaux sociaux. «Il est important de noter que le crowdfunding a du mal à percer en Afrique, à cause du faible taux de bancarisation d’une grande majorité de la population. Au moment où l’accès à internet continue à augmenter sensiblement. On s’est donc dit qu’il fallait créer un modèle africain de financement, tout à fait nouveau, basé sur les réseaux sociaux. Le clickfunding est donc un modèle né dans la région pour servir les citoyens de la région», constate Salem.

Dossier réalisé par Elimane Sembène