Le Kenya, le Maroc, la Tunisie, le Ghana et l’Algérie envisagent d’émettre prochainement des obligations islamiques, selon un rapport de l’agence de notation Moody’s.
Ce quinté prévoit d’émettre ces « sukuks » sur le marché international au cours du second semestre 2018. Une opération qui vise à obtenir des ressources alternatives pour financer certains projets de développement.
Les sukuks semblent attirer de plus en plus les États africains. Déjà en juillet 2014, le Sénégal avait émis une obligation islamique entre le 23 juin et 18 juillet 2014, son premier sukuk sur le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Un emprunt obligataire dénommé « Sukuk État du Sénégal 6,25% 2014-2018 » d’un montant de 100 milliards de FCFA. Le pays a émis un deuxième emprunt de 150 milliards de FCFA qui servira au « financement de projets de développement économique et social de l’Etat incluant notamment le pôle urbain de Diamniadio : un programme d’adduction d’eau potable et un programme de réalisation du réseau de voirie et d’éclairage public », selon la fiche de présentation du sukuk.
Une alternative pour financer les grands projets
La Côte d’Ivoire, qui a accueilli le premier forum africain de la finance islamique, les 17 et 18 septembre 2017, a effectué une première levée de fonds de 150 milliards de FCFA sur le marché islamique en novembre 2015, en partenariat avec la Société islamique de développement (SID) du secteur privé, filiale de la Banque islamique de développement (BID). Abidjan envisage de lever au total 300 milliards de FCFA sur la période 2015-2020.
Ces obligations islamiques constituent une réelle alternative de financement pour les pays africains, dans un contexte marqué par les restrictions budgétaires en Europe et aux États-Unis, l’instabilité des prix des matières premières et autres obstacles géopolitiques. D’après Moody’s, le volume global des ressources mobilisées à travers les obligations islamiques devrait se situer entre 90 et 100 milliards de dollars (comme ce fut le cas en 2017), en dépit d’une baisse constatée lors du premier semestre 2018.
Par Moussa Sène