Le pays est la première victime du vol de pétrole dans le monde, selon une étude de la Charte des ressources naturelles du Nigéria (NNRC), réalisée sur les 10 dernières années.
D’après cette étude, le premier producteur de pétrole brut du continent perd environ 400 000 barils par jour dans les circuits de vol, de siphonnage ou de contrebande. Pis, 75% du pétrole volé dans le monde provient du Nigéria. Ce qui place le pays au premier rang des victimes de ce trafic devant le Mexique qui enregistre des pertes de 5 000 à 10 000 barils par jour.
Pour démontrer l’ampleur de ce phénomène, la Charte des ressources naturelles du Nigéria révèle que les 400 000 barils/jour d’huile volée au Nigéria sont supérieurs à la production de nombreux pays africains qui dépendent du pétrole pour financer leurs budgets. Autrement dit, ce volume est supérieur aux productions du Ghana et du Gabon réunis.
Ce fléau engendre d’importantes pertes financières pour l’économie nigériane avec des pertes oscillant entre 7 et 12 milliards de dollars, selon Niyi Awodeyin, chercheur à la NNRC, qui indique que « le vol de pétrole pourrait se poursuivre sans relâche parce que les politiques actuelles ne suffisent pas à dissuader les auteurs ».
Le vol du pétrole brut est devenu une problématique mondiale. Un rapport de l’université de Yale, publié en 2018, intitulé « Les marchés noirs les plus dangereux du monde », révélait que la valeur des échanges au noir des produits pétroliers s’élève en moyenne à 133 milliards de dollars par an. Le Nigéria, le Mexique, l’Irak, la Russie et l’Indonésie sont les cinq pays qui constituent l’épicentre de ce trafic. Le Nigéria, à lui seul, perd 1,5 milliard de dollars par mois en raison des attaques perpétrées sur les pipelines pour extraire le brut dans le Delta du Niger, d’après le rapport.