Quelques semaines après que les Pandora Papers ont révélé les détails d’un accord minier controversé au Chili, Sebastián Piñera, président de la république, vient d’être destitué par les députés.
Daouda MBaye
La première «victime» des Pandora Papers vient de tomber au Chili, mardi 9 novembre 2021. Le président Sebastián Piñera a, en effet, été destitué quelques semaines après qu’ils ont révélé les détails d’un accord minier controversé. Piñera est l’un des trois présidents latino-américains actuels, dont les transactions offshore ont été révélées dans les Pandora Papers, mais aussi l’un des nombreux dirigeants mondiaux faisant actuellement l’objet d’investigations, à la suite de cette enquête mondiale.
Depuis la parution de cette grande enquête du ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists), l’opposition soutenait que cet accord constituait un conflit d’intérêts.
Les députés de l’assemblée nationale chilienne ont voté en faveur de la destitution sur la base des rapports des partenaires de l’ICIJ, du Centre chilien de reportage d’enquête (CIPER pour Chilean Center for Investigative Reporting) et du Labot. Pour rappel, l’enquête a révélé un contrat, signé à l’étranger, impliquant la vente pour 138 millions de dollars et une participation de la famille Piñera qui aurait été subordonnée au fait que le gouvernement n’adopte de nouvelles réglementations environnementales. Le président Piñera nia alors tout acte répréhensible.
Impeachment de Piñera
Après un débat houleux, qui a duré près de 24 heures, la destitution du président chilien a été approuvée. Après la délibération de la chambre basse des élus du peuple chilien, cet impeachment a été voté à l’unanimité. La magistrature suprême est maintenant transférée au Sénat. Cette chambre haute a désormais les rênes du pays, en attendant que des élections présidentielles et législatives soient organisées très prochainement ce mois de novembre 2021.
Après la destitution du chef de l’Etat chilien, Jaime Naranjo, chef de l’opposition, a soutenu : «Je veux que ce soit un exemple et un témoignage que ce parlement est capable de mettre fin aux abus, à l’impunité avec laquelle ce gouvernement a agi».
Gageons que cette première action consécutive aux Panama Papers déclenche au sein des démocraties, notamment africaines épinglées par les Pandora Papers, un sursaut pour mettre en branle l’arsenal législatif en place, afin que toute la vérité soit dite sur ces affaires.