Face à la persistance de la pandémie COVID- 19 dans le pays et la résurgence d’une seconde vague dans le reste du monde entier, Serigne Babacar Sy Ibn AL Hadj Mansour Sy, Khalife général des tidianes du Sénégal, a décidé, mardi 13 octobre, de surseoir à l’organisation du Mawlid ou Gamou 1442 à la ville sainte de Tivaoune.
Depuis 1902 (1320 de l’Hégire), date de la première célébration du Gamou (Mawlid) ou commémoration de la naissance du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur lui) à Tivaouane au Sénégal (100 km à l’Est de Dakar), c’est une décision historique et responsable que vient de prendre Serigne Babacar Sy Ibn Al Hadj Mansour Sy, Khalife général des tidianes du Sénégal, en y renonçant pour éviter les rassemblements. Son message a été adressé, mardi 13 octobre 2020, aux musulmans du Sénégal et de la diaspora.
Dans ce document, qui nous est parvenu, il déclare justifier cet acte devant la persistance de la pandémie liée à la COVID 19 au Sénégal et dans le monde entier et après avoir pris les conseils avisés des hommes de l’art et des jurisconsultes. Le Khalife général des tidjanes du Sénégal, connu pour son franc-parler a dit se conformer à l’injonction coranique «Fas’alû ahla zikri in kountoum laa ta’lamouna» ou «Interrogez les détenteurs du rappel si vous ne savez pas» et après une large concertation avec la famille de Cheikh AL Hadj Malik Sy.
La barre du million de morts dépassée
A valeur d’aujourd’hui, Covid-19 a infecté 38 400 804 personnes de par le monde. En dépit de plus de 26 4067 823 guéris, on déplore plus de 1 090245 décès. L’Arabie saoudite annula le pèlerinage aux lieux saints de l’islam, le Maroc vient à peine de décider l’ouverture des mosquées pour la prière du vendredi (16 octobre) en petits comités et avec une discipline sévère… Si au Sénégal, les chiffres paraissent moins alarmant pour 15 307 cas de contaminations et 315 décès, il n’en demeure pas moins que les efforts contre la pandémie ne doivent pas fléchir. En témoigne la sortie du Dr Badara Cissé, médecin épidémiologique à l’IRESSEF (Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation), qui a appelé à plus de vigilance dans la prévention et le respect des mesures-barrières. Doit-on rappeler que parmi celles-ci, les attroupements figurent en bonne place. A Tivaouane, pendant le Gamou, la ville sainte reçoit des millions de pèlerins venant de tous les recoins du Sénégal et du monde entier.
La pandémie est encore là et bien là. Une seconde vague secoue les premiers foyers, notamment en Europe. Les aller-et-retour des pharmaciens dans la course au vaccin anti Covid-19 rythment notre quotidien, tant le virus mute et des effets secondaires de traitement suscitent des retraits de tests et autres placebos. Aux Etats Unis d’Amérique, la White House Coronavirus Task Force vient de déclarer 24 Etats en zone rouge, avec North & South Dakota, Wisconsin, Montana et Utah en tête de liste. En Inde, ce sont près de 7,3 millions de contaminations pour plus de 111 000 morts, avec une tendance baissière des nouvelles contaminations, néanmoins qui peut parier des évolutions prochaines d’un virus pour le moins vicieux ?
En conformité à la tradition prophétique
Entre la santé des populations et la résilience, Serigne Babacar Sy Mansour a choisi les deux. Il affirme se conforter aux positions fondées sur la Sunna du Prophète Muhammad (Paix et salut sur lui), soutenant «La peste est une sorte de malédiction (…) si vous connaissez un pays dans lequel l’épidémie s’est répandue, n’y partez pas et si vous vous y trouvez, n’en sortez pas non plus pour la fuir». Il a alors rappelé que son grand-père Mawlana Cheikh El Hadj Malick Sy écrivit, lors de la peste de 1919 dans une lettre adressée aux mosquées de son obédience: «Ne désobéissez pas aux recommandations des médecins qui vous demandent de ne pas cacher la maladie(…). Nous devons respect et considération aux médecins. (…) Rien que pour honorer les paroles du Prophète (Psl), vous devriez les suivre à propos de l’interdiction d’entrer dans les zones affectées par l’épidémie ou d’en sortir ».
Fort de toutes ces considérations, le Khalife Général des Tidianes du Sénégal invite les fidèles à célébrer le Mawlid 1442 dans leur intimité, sachant que le plus important est l’essence de cette commémoration qui, en tout point de vue, n’est que la reproduction du modèle prophétique telle qu’enseignée par Mawlana Cheikh Al Hadj Malick Sy. Aux sceptiques, il renvoie à cette première en 1320 de l’Hégire où ils n’étaient que 2 personnes, à savoir lui et son disciple et ami Al Hadj Rawane Ngom de Mpal, psalmodiant le Coran tout au long de la nuit.
Avant de clore sa déclaration par une prière pour la paix et la quiétude de tous, le saint homme a milité pour des actions de grâce et de solidarité, le jour de la fête du Mawlid à l’endroit d’un coreligionnaire nécessiteux, aussi salutaires que 1 000 prosternations. Il n’a pas omis une oraison de prompt rétablissement aux malades cloués sur des lits d’hôpital, aux morts emportés par cette maladie et une pensée, et, enfin un encouragement au personnel de santé qui sont médecins, aides-soignants, qui depuis 8 mois n’ont pas de répit et veillent sur la santé des populations.
La rédaction