Les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) prévoient de mettre en place une monnaie unique à partir de 2020. Une transition qui se fera de manière progressive.
Un cadeau pour les anti-FCFA? Cela pourrait bien y ressembler. Mi-décembre le Président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé, à Ouagadougou, que les huit pays membres de l’UEMOA adopteront progressivement la monnaie unique de la CEDEAO à partir de 2020. Cette décision a été prise, lors de la 52e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, qui s’est tenue le 16 décembre, à Abuja, au Nigeria. D’après lui, cette transition «se fera de manière progressive de sorte que tous les pays qui pourront répondre aux critères de convergence commencent à battre la monnaie de la CEDEAO en attendant que les autres pays puissent se conformer et intégrer le processus de cette monnaie (…) On a maintenu en tout cas la position qu’en 2020, cette monnaie devra donc exister et démarrer».
L’idée de la création d’une monnaie unique dénommée «Eco» au sein de la CEDEAO n’est pas nouvelle. Ce projet existe depuis les années 1980 et le processus a été lancé depuis 17 ans. Objectif des États: favoriser l’intégration monétaire sous-régionale et promouvoir le commerce et l’investissement régionaux. Mais la concrétisation de ce grand projet, qui devait en principe entrer en vigueur en 2015, bute sur plusieurs obstacles d’ordre économique.
Divergences de point
de vue
En effet, les avis divergent sur la question. D’après certains experts, pour mettre en place une monnaie commune, il faut faire en sorte que les économies des pays concernés se rapprochent le plus possible. L’ancien président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de Souza, abonde dans le même sens. Selon lui, la convergence n’a pas suffisamment progressé. L’harmonisation des politiques monétaires ne s’est pas faite correctement et aucun des pays concernés n’a pu respecter les critères de convergence de façon continue entre 2012 et 2016. Pis, la crise pétrolière de 2014 a entraîné une poussée d’inflation au Nigeria, une chute de la monnaie nigériane et ghanéenne, éloignant ces pays des critères de convergence. Le Président nigérian, Muhammadu Buhari, avait d’ailleurs montré son scepticisme, lors du sommet d’Abuja, sur la date avancée compte tenu de ces facteurs évoqués. «Le Nigeria mettra en garde contre toute position qui plaide pour une approche accélérée de l’union monétaire, négligeant les fondamentaux et d’autres questions pertinentes», avait-il déclaré.
Pour d’autres économistes, la convergence est un objectif et non une condition nécessaire à la création de la monnaie. Le prochain sommet des Chefs d’État de la CEDEAO prévu en févier 2018 à Accra devrait donner de nouveaux éléments de réponse.