L’Afrique du Sud prévoit de mettre en place une usine de composants de piles à combustible d’ici à 2018. Un projet qui permettra d’augmenter la demande auprès des entreprises locales de métal frappées par la chute des prix et de réduire le taux de chômage.
C’est finalement la compagnie sud-africaine Isondo Precious Metals, en partenariat avec l’américain Chemours Technology, qui jouera un rôle clé dans la concrétisation de cette initiative. Isondo Precious Metals a récemment signé un accord avec Chemours Technology afin que l’Afrique du Sud puisse activement prendre une part à l’industrie des piles à combustible en tant que producteur majeur ou en tant que centre de distribution des piles avec la possibilité de développer des services auxiliaires. Le protocole d’accord stipule qu’Isondo Precious Metal fabriquerait et commercialiserait des composants de piles à combustible licenciés à l’échelle mondiale. Ce qui constitue un avantage majeur pour la compagnie qui sera chargée de baisser le coût technologique en s’approvisionnant localement en métal. Et pour faciliter encore plus l’affaire, le gouvernement sud-africain s’est engagé afin que l’industrie manufacturière opère dans des zones économiques spéciales.
Création d’emplois
C’est une grande première dans le pays et la fabrication des piles à combustible permettra d’augmenter la demande auprès des entreprises locales de métal frappées par la chute des prix et, dans un même temps, résoudre la problématique du chômage en créant des emplois pour les ouvriers. Les piles à combustible produisent de l’énergie électrique en combinant l’hydrogène et l’oxygène sur un catalyseur tel que le platine qui est utilisé dans trois des six principaux types de centrales à piles à combustible dans le monde. Il s’agit donc d’un système de production d’électricité hautement efficace et ultra propre qui génère de l’électricité et de la chaleur sans combustion. Contrairement donc à une centrale électrique conventionnelle, la réaction électrochimique entre l’hydrogène et l’oxygène avec une pile à combustible génère de l’électricité directement, sans subir un processus de conversion d’énergie par la combustion du combustible.
Le platine a jusqu’ici été principalement utilisé dans des catalyseurs pour rendre les voitures diesel plus propres. Et au cours des trois à quatre dernières années, le prix du platine a baissé d’environ 30% forçant les mineurs à vendre des actifs et à réduire la production. Cette chute a aussi engendré la perte d’un bon nombre d’emplois, renforçant encore le taux de chômage en Afrique du Sud, chiffré à 26,5% par le Bureau sud-africain des statistiques en ce premier trimestre de l’année en cours. Près des deux tiers de l’industrie, dont les mines, ont été endommagés par une grève de cinq mois en 2014. Le secteur peine toujours à s’en remettre. La création d’une usine manufacturière sud-africaine assurera à long terme la durabilité de l’industrie minière de platine dans le pays tout en s’emparant d’une part du marché mondial de platine.
La compagnie sud-africaine va relever le secteur, selon son étude de faisabilité en s’imprégnant des exemples de pays africains tels que le Nigeria qui a réussi à s’imposer dans ce domaine. Ce pays d’Afrique de l’Ouest utilise des piles à combustible sur les gazoducs et la rentabilité n’est plus à démontrer en termes de gain, d’emploi et de valeurs énergétiques.
Une alternative aux problèmes de délestages
La technologie des piles à combustible aurait pu être lancée plus tôt, mais elle souffrait d’un manque de règlementation. Il aura fallu à Isondo Precious Metal et son partenaire Chemours Technology pratiquement 2 ans avant son autorisation alors que Kleantha Pillay d’Anglo American avait déjà pu démontrer auparavant le succès remporté avec la technologie des piles à combustible dans la petite ville rurale de Kroonstad. Des écoles et des cliniques avaient été rapidement électrifiées dans le cadre d’un projet d’élévation sociale initié par le géant américain. Le marché actuel des piles à combustible est d’environ 15.000 à 20.000 onces de platine par an, avec une perspective projetée de 50.000 onces de plus au-delà de cinq ans, selon Vinay Somera, PDG de Isondo Precious Metals. La technologie des piles à combustible sera une alternative aux problèmes de délestages dans le pays de Nelson Mandela. Les travaux de faisabilité en cours, menés par Isondo Precious Metal, ont permis de cibler le marché des applications de piles à combustible statiques comme un objectif à court et moyen termes en Afrique du Sud et en Afrique. L’étude a également identifié les infrastructures habilitantes et la demande potentielle comme des exigences clés de succès.
Par Pamela Koumba