L’enjeu des concessions portuaires est colossal. Qu’ils accostent ou appareillent, les navires charrient dans leur sillage, des fortunes et du pouvoir. La mer, on le sait depuis Charles Trenet, a des reflets d’argent. Point de concession dans la chasse aux concessions.

Le groupe Bolloré est à Douala pour l’agrandissement de son port. Avisé, “Vincent” apporte son écot aux “œuvres sociales” de la fondation que dirige la première dame, Chantal Biya. De même, solidement implanté à Abidjan, il a scellé un partenariat avec la Fédération ivoirienne de football. Lorsque le groupe Bolloré ouvre à Libreville sa filiale Gabon Mining Logistics, il confie la présidence de son siège à Pascaline Bongo, fille de son père et grande prêtresse de son cabinet présidentiel à l’époque. Le groupe Bolloré, après avoir perdu le contrôle des ports de Dakar et de Conakry où il s’est vu supplanté par Getma International, met le cap sur l’Afrique du Sud, Madagascar, l’Angola, le Nigeria, la Tanzanie et la côte kényane. L’indien Tata a posé le pied à Cotonou (Bénin). Quant aux Chinois, ils n’ont pas mis la main sur le fer gabonais de Belinga pour en confier le convoyage à d’autres. De nouveaux acteurs émergent, tels Dubaï Ports World qui a raflé en 2007, le marché du terminal à conteneurs de Dakar, après avoir décroché dès 2000 la concession du port de Djibouti. Les Italiens de la Mediterranean Shipping Company, société basée en Suisse, sont les maîtres du port de San Pedro, tremplin du négoce des denrées agricoles en Afrique de l’Ouest.

La course au hub Armateurs et capitaines changent de boussole, mais aussi de voilure. Au nom des économies d’échelle, on lance sur les mers du globe des bateaux gigantesques, qui requièrent un tirant d’eau, de vastes quais et des espaces de stockage à leur démesure. C’est la course au hub, mot emprunté au lexique des aéroports. Dakar, Abidjan, Lomé, voire Pointe-Noire, veulent accéder au statut de plate-forme de transbordement ¢incontournable.