Alors que le monde observe l’intervention de la Russie en Ukraine, les décideurs occidentaux explorent les moyens de faire pression sur le Kremlin, visant notamment le portefeuille des oligarques.
Afin de pousser Vladimir Poutine à la raison, dans sa volonté d’annexer le Donbass, les pays occidentaux comptent geler les comptes des nantis russes. Le Royaume-Uni est connu, depuis longtemps, comme une destination majeure pour les riches russes qui veulent y résider et faire fructifier leur fortune. Et maintenant les autorités espèrent tirer parti de ce statut. On peut le croire, c’est du moins ce qu’Alex Nice, chercheur à l’Institute for Government, a confirmé à nos confrères de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), en soutenant : « C’est toujours comme le pistolet que vous avez sur la table – il est dans la pièce et vous donne un effet de levier sans que vous l’utilisiez ». Et d’ajouter : « Dans les cercles financiers russes d’élite, il y a toujours cette inquiétude persistante sur ce que les autorités britanniques savent et ce qu’elles pourraient faire. ».
Plus tôt dans la journée, quelques heures après que le président russe Vladimir Poutine a ordonné l’envoi de troupes dans l’est de l’Ukraine, le Royaume-Uni a frappé trois riches hommes d’affaires proches de lui et cinq banques russes avec des sanctions.
Les oligarques ciblés seront familiers aux lecteurs de longue date de l’ICIJ, car de précédentes enquêtes offshore ont révélé des détails sur leurs transactions financières secrètes.
Les Pandora Papers ont révélé des prêts massifs impliquant le magnat du pétrole Gennady Timchenko, que la nouvelle liste des sanctions britanniques relie aux forces accusées de « déstabiliser l’Ukraine ». Auparavant, les dossiers FinCEN et les Panama Papers détaillaient les transactions offshore, impliquant la famille Rotenberg, y compris les frères milliardaires Arkady et Boris, amis d’enfance de Poutine. Il s’agit notamment de ce que les frères ont fait avec plusieurs entreprises, après avoir été sanctionnés par les États-Unis, en réponse à l’invasion russe de la Crimée en 2014.
Toucher là où ça fait le plus mal
Ces nantis avaient déjà été sanctionnés par les États-Unis et pourraient être les premiers à coopérer, car le Premier ministre britannique Boris Johnson a averti que des mesures plus punitives pourraient suivre si la Russie poursuit son invasion.
Une longue liste de milliardaires russes riches, ayant des relations avec l’élite politique, qui ont figuré dans les enquêtes de l’ICIJ et qui ont fait l’objet d’un examen supplémentaire de la part des autorités, est ciblée. Il s’agit d’Oleg Deripska (Mallow Corp.), Arkady Rotenberg (Sunbarn Ltd), Gennady Timchenko (Novatek), Alisher Usmanov (Kanton) ou encore Yury Kovalchuk (Ozon). Ce dernier est connu comme étant le banquier personnel de Poutine. Ces nantis ont tous des succursales enregistrées dans les îles Vierges Britanniques et sont parfois proches de l’homme fort du Kremlin, avec qui ils s’entrainent même au judo…