Il a dirigé le Ghana pendant près de vingt ans, et était devenu l’une des figures les plus charismatiques de l’Afrique contemporaine. À 73 ans, l’ancien président Jerry John Rawlings est décédé, a annoncé, jeudi, la présidence ghanéenne.

« Un monument s’est éteint, c’est une immense perte pour le Ghana », a déclaré le président Nana Akufo-Addo dans un communiqué, jeudi 12 novembre. À 73 ans, l’ancien président Jerry John Rawlings est décédé dans un hôpital de la capitale Accra « à la suite d’une courte maladie ».
Après un premier coup d’État en 1979, Jerry Rawlings – carrure de rugbyman et regard perçant -, avait réussi à prendre les rênes du pays lors d’un second coup de force en 1981. Il a quitté le pouvoir en 2000 après avoir été élu à deux reprises. Les drapeaux seront mis en berne dans tout le pays, pour un deuil national qui débutera vendredi et durera sept jours. La campagne pour l’élection présidentielle qui doit se tenir en décembre est également suspendue, a précisé le chef de l’État.

« Un pilier du panafricanisme »
« J’annonce la suspension de notre campagne politique (…) après la nouvelle de la mort du fondateur de notre parti et ancien président du Ghana, Jerry John Rawlings » a également affirmé John Mahama, principal candidat de l’opposition du National Democratic Congress (NDC) à cette élection. « Que son âme repose en paix », a ajouté celui qui a également été ancien président du Ghana.
« L’Afrique a perdu un pilier du panafricanisme et un charismatique homme d’État », a réagi sur Twitter le président de la commission de l’Union Africaine Moussa Faki Mahamat. « Je présente mes sincères condoléances à sa famille, au peuple et au gouvernement du Ghana », a-t-il écrit.
Né le 22 juin 1947 à Accra d’un père écossais et d’une mère ghanéenne, il entre en 1967 à l’académie militaire, qu’il quitte un an plus tard pour entrer dans l’armée de l’air, où il excelle comme pilote. Il a d’abord été connu pour son image de jeune « révolutionnaire intègre », s’emparant du pouvoir à deux reprises à 32 puis 34 ans, alliant un physique à la Che Guevara à un discours national-populiste et une filiation politique « progressiste ». À partir de 1981, il devient chef du « Conseil national provisoire de défense » pendant onze ans et dirige un régime qui ne s’embarrasse pas des droits de l’Homme, avant de devoir céder au début des années 1990 à la vague du multipartisme.

« Facile de prendre le pouvoir » 
Mais jouissant d’une réelle aura, il est élu fin 1992 président de la IVe République du Ghana, avec plus de 58 % des suffrages à l’issue d’un scrutin démocratique, terni par des accusations de fraudes. Il est réélu en 1996 dès le premier tour, dans une élection considérée comme transparente.
Après 19 ans et sept mois au pouvoir, il tire sa révérence en 2000 avec l’élection de John Kufuor, candidat du parti d’opposition à l’époque, à la tête de l’ancienne colonie britannique. « C’est assez facile de prendre le pouvoir, ce n’est pas très compliqué de le garder, le plus difficile c’est de le quitter », avait-il déclaré en 2007 à l’AFP. Sur le plan économique, Rawlings le « révolutionnaire » avait pris conscience, dès son arrivée au pouvoir, que pour relancer son pays, les « capitalistes » occidentaux lui offraient plus de garanties que les « socialistes » de l’est vers lesquels penchaient initialement ses sympathies.
En 1982, le Ghana est ainsi le premier pays d’Afrique à mettre en œuvre un plan d’ajustement structurel. Mais à la fin de son mandat, la situation s’est fortement dégradée, et la crise monétaire et sociale contribue à l’élection, en 2000, à la tête du pays, du candidat de l’opposition John Kufuor.

Avec AFP