Méconnu du grand public, il n’y a pas si longtemps, le Guinéen Aguibou Barry, l’inventeur de la pompe à pistons alternatifs, est désormais sous les feux des projecteurs, grâce aux prix internationaux qu’il récolte en Afrique et ailleurs dans le monde.

Ce natif de Mamou, en Moyenne Guinée, est un ingénieur en hydraulique de 49 ans. Depuis 2004, il est détenteur d’un brevet délivré par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) pour son invention relative à la pompe à piston alternatif à usage domestique et d’irrigation. Ladite pompe comporte un cylindre, un piston, une fontaine et une tringlerie commandée par une manche. «Elle est essentiellement caractérisée par un mouvement alternatif du piston dans le cylindre pendant que ce dernier est en position fixe par rapport au puits ou au forage de petit diamètre ainsi que pour le refoulement dans des réservoirs placés en hauteur», explique-t-il dans un entretien accordé à «African Business Journal». «Elle est également destinée au refoulement de l’eau sur un terrain plat à une grande distance. Selon un mode particulier de réalisation, cette pompe peut être du type pompe sur table ou sur brouette pour les petits puits maraîchers, pour de petits forages et pour le refoulement de l’eau de surface à partir des rivières, des marigots ainsi que pour les travaux d’élevage», ajoute M. Barry, qui a fini par fonder une PME dénommée FAPEL (Fabrication de pompes à eau à labé) dont le nom est intimement lié à son invention.

Un rêve devenu réalité
Issu d’une famille modeste, le jeune Aguibou Barry avait toujours rêvé de contribuer à atténuer les souffrances de ses parents villageois qui vivaient dans un milieu où la problématique de l’accès à l’eau potable se posait avec acuité. «Depuis, j’avais l’idée qu’un jour j’allais trouver une solution à ce problème pour aider mes parents à accéder plus facilement à l’eau potable», nous a-t-il confié. Et de révéler que c’est à la suite d’un séjour de formation au Sénégal, en 2002 , que l’ONG française Échange Sud Sud-Ouest en milieu rural (Essor) lui a permis d’effectuer un voyage d’études afin de trouver une solution de dépannage aux pompes à pédales Bandiar qu’elle importait. «J’ai remarqué, dit-il, que ces pompes-là étaient fabriquées avec une telle simplicité que je me suis demandé : “pourquoi ne pas créer une pompe d’irrigation et une pompe domestique pour soulager les ménagères ?”» Une fois rentré au pays, l’ingénieur guinéen s’est mis à la tâche et a réussi à mettre au point la pompe FAPEL qui a été brevetée à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) en 2004 pour une durée de 20 ans.

Des prix à la pelle
L’invention d’Aguibou Barry lui a valu non seulement une reconnaissance internationale, mais aussi des prix à la pelle. Parmi eux, figurent en bonne place le Prix de l’innovation du Salon de la solidarité internationale à Paris en novembre 2014; le Prix du concours «La France s’engage au Sud», qui s’est tenu à Paris en novembre 2016, une initiative du Président français, François Hollande, qui récompense les 10 meilleurs projets dans les pays du Sud avec, lors de la dernière édition, 800 candidats à travers le monde ; et le Prix «Coup de cœur du jury» du concours «Start-up of the year/Africa 2017» organisé au Maroc le 26 janvier 2017, mettant en compétition 20 start-up présélectionnées pour le Prix du jury et 550 candidats au Prix du public, organisé par Bonjour-Idée en collaboration avec OCP, SNCF et Microsoft.

Les nouvelles perspectives
Avec son groupement FAPEL-Guinée, Aguibou Barry, qui a désormais le vent en poupe dans son pays et au-delà, s’engage à fournir des pompes à pistons alternatifs à un coût très attractif à ses clients pour leur permettre un meilleur accès à l’eau potable et d’irrigation. Ce qui passe par l’implantation d’une unité industrielle de fabrication des pompes à eau à usage domestique et d’irrigation en Guinée. Pour y arriver, il compte nouer des partenariats techniques et financiers solides, mettant en avant l’innovation et la formation. Toute chose qui permettra de viabiliser son modèle économique. «Mon entreprise s’est assignée comme mission l’installation d’une chaine industrielle de production de cette technologie pour produire à grande échelle ses pompes à eau afin de répondre à la demande qui se fait de plus en pressente sur le plan national et international. Pour cela, nous comptons sur l’appui de l’État guinéen pour nous accompagner dans ce sens», plaide-t-il.

Par Bachir Sylla