À l’instar d’autres régions du monde, le nombre de milliardaires en Afrique est croissant. Nombre d’entre eux sont encore «sous les radars» n’ayant pas encore réalisé d’opérations en capital. Si l’offre des gestionnaires de fortune reste peu étoffée, Onyx Wealth Management entend tirer son épingle du jeu. Joël Rochat nous en dit un peu plus dans cet entretien.

«L’Afrique a beaucoup de cartes dans son jeu»

D’après des institutions dignes de confiance, les millionnaires africains dépassent les 170.000, et le nombre de milliardaires avoisinera 3.000 dans 5 à 6 ans. Quel commentaire faites-vous d’une telle configuration?

Joël Rochat : En 2017, il y avait environ 2.040 milliardaires dans le monde contre 470 en l’an 2000. Le total de leurs fortunes a, lui, été multiplié par 8 sur la même période. Il est donc probable que l’on atteigne le nombre que vous indiquez dans quelques années.
Il est intéressant de relever que les pays en voie de développement ont fait une percée importante dans ce classement, la Chine se positionnant maintenant sur le podium.

Le dynamisme du continent africain se traduit par un nombre croissant de milliardaires. Nous estimons que ce n’est que le début, car nombre d’entre eux sont encore «sous les radars», n’ayant pas encore réalisé d’opérations en capital permettant de valoriser leur fortune, telles les introductions en Bourse, les cessions, etc.

Actuellement, les milliardaires africains se trouvent essentiellement au Nigéria et en Afrique du Sud. Vous avez décidé de vous implanter au Maroc, où vous bénéficiez du Statut CFC. Qu’est-ce qui explique votre choix?

La stabilité politique et économique du Maroc ainsi que sa position géographique en font naturellement une porte d’accès à l’Afrique subsaharienne, en tout cas dans sa partie francophone.
L’ambitieux projet du Casablanca Financial Center (Ndlr, CFC) s’inscrit complètement dans cette logique.

L’offre à la clientèle fortunée d’Afrique colle-t-elle aux standards internationaux?

Force est de constater que l’offre de produits/services est, pour l’instant, moins étoffée en Afrique qu’ailleurs, ce qui s’explique en partie par des contraintes propres à certains pays : contrôle des changes, non-convertibilité de la monnaie locale, rigidités administratives, etc.

Par ailleurs, rares sont les acteurs internationaux à avoir déjà saisi le potentiel extraordinaire que recèle le continent, prisonniers qu’ils sont peut-être d’une vision un peu datée du continent.

Faites-vous partie de ces spécialistes du secteur qui misent à fond sur le continent? Si oui, quelles sont vos priorités?

Sans prétendre être des spécialistes de l’Afrique, nous sommes par contre fermement convaincus de son potentiel, y compris dans notre activité. Longue est la liste des atouts du continent, alors que ses travers historiques semblent se dissiper.

Si vous me permettez une comparaison avec ma chère Suisse qui n’a pas de ressources naturelles, pas d’accès à la mer, peu de terres arables et une petite population, il apparaît que l’Afrique a beaucoup de cartes dans son jeu.

Il nous faut être modestes par rapport à la taille du continent, c’est pourquoi nous nous focalisons sur quelques pays francophones, où nous estimons avoir une réelle valeur ajoutée pour une clientèle de particuliers fortunés. Cette clientèle exigeante attend le sur-mesure et la réactivité que seules des structures indépendantes à taille humaine peuvent offrir.

En dépit de la jeunesse de l’activité, dans des pays émergents, tels que le Kenya, l’Angola, le Maroc, les gérants de patrimoine peuvent être confrontés à certaines tendances disruptives (hausse de la concurrence, des coûts réglementaires, approche holistique, actifs alternatifs, l’analyse des données et le Big Data…). Comment appréhendez-vous ces innovations radicales?

Sans minimiser aucunement ces tendances que nous suivons de près, il est intéressant de constater que le modèle du Private Banking suisse perdure depuis plus de deux siècles, malgré des changements technologiques et géo-politiques radicaux.
Le véritable défi pour notre activité, comme pour beaucoup d’autres, sera de pouvoir démontrer à nos clients notre valeur ajoutée. Sans cela, des robots sous une forme ou une autre nous remplaceront.
Connaissance de nos clients, pro-activité, discrétion, absence de conflits d’intérêts et pérennité me semblent les ingrédients indispensables pour durer et prospérer au service de nos clients.

Propos recueillis par Daouda MBaye