Au Maroc, l’offshoring, pierre angulaire du Plan d’accélération industrielle 2014-2020, évolue. Le pays a misé sur une diplomatie économique qui lui a valu beaucoup de satisfaction. Des espaces ont été aménagés pour capter les délocalisations programmées un peu partout. Les activités ciblées tournent autour de deux grands domaines et six filières, à savoir le BPO (Business Process Outsourcing) ou Externalisation des processus métiers) qui comprend les activités/fonctions administratives générales, les activités de gestion de la relation client et les activités-métiers spécifiques et l’ITO (Information Technology Outsourcing) ou Externalisation des processus liés aux technologies de l’information) qui regroupe les activités de gestion d’infrastructure, les activités de développement de logiciels et les activités de maintenance applicative. A noter que de 2013 à 2019, les segments Centres d’appels et BPO des outsourceurs ont respectivement constitué 60%, 61%, 61,37%, 58%, 58,7%, 56% et 58% des recettes (voir Tableau des recettes).

Doit-on rappeler que le Maroc a été élu meilleure destination de l’offshoring en 2012 par l’Association européenne de l’outsourcing (EOA). Pour cette année 2020, l’objectif défini par le Plan d’accélération industrielle (PAI) est d’atteindre un PIB de 16 milliards DH et 100 000 emplois contre un chiffre d’affaires de plus de 14 milliards DH et près de 70 000 emplois créés. La crise sanitaire du Covid-19 passe par là, mais le secteur fait preuve de résilience. Parmi les principales entreprises présentes, Accenture, Amazon, Atos, Axa, BNP Paribas, Bull, Capgemini, CGI, Dell, GFI Informatique, HPS, IBM, Intelcia, Steria, Webhelp… et la liste est loin d’être exhaustive.

Une politique stratégique appliquée
Le Casaneashore de Casablanca, les différents agropoles et autres technopoles (Agropolis Meknès, Agropole de Berkane, Agropole de Souss, Agropole de Beni Mellal, Technopark de Casablanca, Technopolis de Rabat, Technopole d’Oujda …), l’aéropole de Nouasseur dans les environs de Casablanca ou les différentes Zones franches (Tanger Free Zone, Atlantic Free Zone de Kénitra…), MedZ Industrial Parks… sont des exemples réussis d’infrastructures Plug-and-Play. A noter que l’Association de la Zone industrielle de Tanger (AZIT) reste, à l’heure actuelle, le seul modèle d’autogestion de zones industrielles en Afrique.
Des structures étatiques, gérées de façon autonome, les ont mis en place directement par elles-mêmes ou par leurs filiales interposées. L’exemple le plus édifiant est l’aménageur-développeur MedZ et son département MedZ Sourcing, filiale du groupe CDG (Caisse de dépôt et de gestion) qui joue un rôle de locomotive dans cette politique hautement stratégique.  Aussi bien dans les différents segments du secteur de l’offshoring TIC, à savoir les centres d’appels et Business Process Outsourcing des outsourceurs, Information Technology Outsourcing, BPO des captifs que des écosystèmes qui sont CRM (Customer Relationship Management), ITO, BPO, Engineering Services Outsourcing, Knowledge Process Outsourcing, dans l’ensemble les recettes ont grimpé de 2013 à 2019. Elles sont passées de 7,2 milliards DH à plus de 14, 111 milliards DH.

L’automobile et l’aéronautique cartonnent
Lorsqu’on considère les branches de l’automobile (CA export fin 2013 autour de 30 milliards DH) et l’aéronautique (CA de 8 milliards de dirhams), qui ont eu le vent en poupe jusqu’à la veille de la présente crise du Covid-19, les chiffres de l’offshoring atteignent d’autres niveaux. Il ne faut pas perdre de vue que les zones franches rivalisent en termes de mesures incitatives. Aux banques et holdings offshore, s’ajoutent les délocalisations de grands comptes, tels que Capgemini, Tata, Bull, Dell, Labinal, Bombardier, Souriau, Renault. Ils viennent s’implanter dans des plateformes industrielles intégrées (Plug-and-Play) ou de véritables cités intelligentes, pour du nearshoring. Ces villes intelligentes sont dotées de toutes les commodités, allant de la banque à la restauration en passant par l’hébergement en appart’ hôtels…

A titre d’exemple, les banques offshore, installées à Tanger Free Zone (TFZ), revendiquaient un volume d’activités (créances aux établissements de crédit et à la clientèle + portefeuille-titres) de 35,3 milliards de dirhams en 2012, contre 36,5 milliards de dirhams en 2011. Soutenues par des fonds nationaux et/ou étrangers, elles financent environ 700 entreprises, aussi bien celles de TFZ, de Tanger Med, de Tanger Automotive City que des autres zones franches environnantes (Atlantic Free Zone à Kénitra), ou encore à Nouasseur, où l’aéropole et des P2I, notamment Sapino (Société d’aménagement du Parc industriel de Nouasseur) ont fini par faire l’unanimité auprès des investisseurs.

L’offshoring, un gisement de bénéfices
En raison de son potentiel de création d’emplois pour les jeunes et de sa contribution à la balance commerciale, le Maroc a beaucoup misé sur l’offshoring. Aujourd’hui, le secteur compte plus de 1000 acteurs, occupe le second rang des employeurs du pays avec plus de 69 000 emplois et réalise un chiffre d’affaires à l’export de plus de 11 milliards de dirhams.
Parmi les objectifs de croissance fixés à fin 2020 l’attraction d’investissements d’un montant de 1,5 milliard de dirhams. De l’avis des responsables, ces écosystèmes permettront de positionner le pays dans le premier tiers du groupe de compétition, à travers une diversification qualitative, et favoriseront un développement régional équilibré et équitable des investissements de l’Etat dans les P2I dédiées à l’offshoring.
Les efforts de l’Etat se focaliseront également sur l’accompagnement des startups et des MRE (Marocains résidant à l’étranger) désirant investir dans leur pays et ayant développé une expertise dans les filières technologiques, et ce, en partenariat entre l’ANPME et la profession.

Par Daouda Mbaye et E.S