Alors que la ruée internationale pour découvrir les actifs des oligarques à la suite de la guerre de la Russie contre l’Ukraine se poursuit, le rôle des États-Unis suscite un regain d’attention. L’Amérique est devenue le foyer de tranches de richesse cachée, via des sociétés liées aux milliardaires russes Oleg Deripaska, Igor Makarov et autres oligarques.
Comment est-on arrivé à se poser la question de savoir quel rôle joue les Etats Unis sur la domiciliation des actifs d’oligarques russes ? Une nouvelle enquête de nos confrères de International Consortium of Investigative Journalism (ICIJ), Alicia Crites, Debbie Cenziper et Will Fitzgibbon, se penche sur un acteur méconnu du secret financier, à savoir les agents agréés.
C’est le dernier volet de la série Pandora Papers sur les paradis fiscaux aux États-Unis, réalisée en collaboration avec le Washington Post et qui trouve ses ramifications au Wyoming.
Des LLCs qui ont poussé comme des champignons
Au cours de la dernière décennie, le Wyoming a vu le nombre de sociétés-écrans, connues sous le nom de LLCs, se sont multipliées par cinquante.
Comment cela fonctionne-t-il ? Les agents enregistrés fournissent des services d’entreprise superficiels et servent souvent de seul point de contact pour ces entités secrètes. Toutefois, les agents enregistrés savent peu ou presque rien de la fonction ou des personnes qui sont derrière les entreprises pour lesquelles ils sont payés. Fonctionnant sans formation requise et avec peu de supervision, certains agents ont des listes de clients massives et couvrent le monde entier.
Un de ces agents enregistrés a déclaré qu’il représentait 1 200 entreprises. Un bâtiment à Sheridan, dans le Wyoming, est la seule adresse publiquement connue de centaines de sociétés à responsabilité limitée (SARL), y compris des sociétés accusées de blanchiment d’argent et de fraude à l’échelle internationale.
A qui profite le crime ?
Qui en profite ? D’après les reportages d’ICIJ, ce sont des oligarques, criminels, escrocs en ligne et autres mauvais acteurs du monde entier. Justement, Sarah Beth Felix, ex-Responsable de la conformité bancaire, a soutenu : « Si j’étais un criminel ou dirigeais une entreprise criminelle, j’aurais une journée sur le terrain avec des agents enregistrés, parce que j’ai juste besoin de trouver un autre adulte avec un pouls ».
Dans tous les cas, le président américain Joe Biden souhaite augmenter le financement de l’organisme américain de surveillance anti-blanchiment d’argent au cœur de l’enquête FinCEN Files de l’ICIJ. Mais est-ce suffisant pour renforcer la petite agence en première ligne de la lutte mondiale contre l’argent sale ?