African Development Bank Group (AfDB)

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À Mbandaka, ces derniers mois ont mis à rude épreuve les soignants du centre Mama wa Elikya. Face à l’épidémie de virus mpox (anciennement variole du singe), qui se propageait chaque jour un peu plus dans ce chef-lieu de la province de l’Équateur, les personnels de santé ont travaillé dans un climat de peur et d’incertitude, redoutant chaque nouvelle admission dans leurs services.

Monique Mulo Itala, infirmière titulaire au centre de santé, était en première ligne. Comme ses collègues, cette quinquagénaire, mariée et mère de cinq enfants, a vécu la période avec une anxiété constante, partagée entre son devoir professionnel et la crainte de ramener la maladie chez elle.

« Je craignais d’entrer dans le site d’isolement. Même avec ma tenue de protection, j’appréhendais de donner les traitements ou de poser une perfusion aux malades. En rentrant à la maison, j’étais tourmentée. J’avais peur de contaminer ma famille, je leur demandais de ne pas m’approcher », se souvient-elle.

Face à la forte hausse des cas de mpox en République démocratique du Congo (8 517 cas suspects, 1 439 cas confirmés en 2024 et 417 décès entre janvier et novembre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré la mpox comme une urgence sanitaire de portée internationale le 14 août 2024.

Dans la même période, l’Equateur cumulait 1 262 cas de mpox confirmés et 374 décès, soit 36 % du total des décès du pays.

« Nous avons reçu beaucoup de cas, 198 au total. Nous étions inquiets, car certains patients pouvaient être infectés sans présenter de signes évidents. Malgré cela, nous avons continué à isoler les malades, à leur administrer les soins, à leur donner des conseils sur l’hygiène et la prévention, en attendant les vaccins », explique Monique.

La Banque africaine de développement et l’OMS ont uni leurs efforts pour soutenir le gouvernement congolais et organiser la riposte dans la province de l’Équateur entre janvier et juillet 2025, dans le cadre du Projet d’aide d’urgence pour la lutte contre la variole simienne (MPOX) (https://apo-opa.co/4qbIs3u), financé par un don d’un million de dollars provenant du Fonds spécial de secours de la Banque.

L’intervention a ciblé les populations les plus exposées : personnel de santé de première ligne, groupes à haut risque, enfants, vétérinaires, chasseurs et commerçants de gibier. Elle s’est articulée autour de quatre axes clés : diagnostic précoce, vaccination, prévention et contrôle des infections, et coordination multisectorielle.

Cette mobilisation collective a porté ses fruits. En octobre 2025, tous les cas suspects nouvellement identifiés ont bénéficié d’une confirmation rapide en laboratoire, d’un traitement adapté et de la vaccination systématique des personnes contact. Cette approche intégrée a entraîné une forte diminution du nombre de nouvelles infections, ainsi qu’une réduction notable du nombre de décès. Au total, dans la province de l’Équateur, le nombre de cas confirmés de mpox a chuté de 60 % et seuls 14 décès ont été enregistrés en 2025, contre 417 à la même période en 2024.

Aujourd’hui, le regard de Monique a changé : les heures sombres de la crise sanitaire appartiennent au passé. Depuis le lancement de la riposte, elle aborde son travail avec davantage de sérénité.

« L’arrivée des vaccins nous a soulagés. Ils nous ont permis de nous protéger et de protéger nos familles. Nous n’avons plus peur de recevoir nos patients en consultation parce que notre organisme a développé des anticorps contre le mpox », assure-t-elle, plus confiante.

Plus de 13406 personnes ont été vaccinées dans la province de l’Équateur, dont 3 718 membres du personnel de première ligne.

Dans les villages comme dans les zones urbaines, les équipes ont parcouru les communautés pour informer, rassurer et protéger. Plus d’un million de personnes ont été sensibilisées, contribuant à dissiper les rumeurs et à encourager les comportements préventifs.

Pour renforcer la détection rapide, trois laboratoires, à Mbandaka, Ingende et Bikoro, ont été équipés et mis à niveau. Des milliers de kits de prévention ont été distribués tandis que 4 800 cartouches GeneXpert ont permis un diagnostic plus rapide des cas suspects.

« Notre centre a reçu des kits de prévention et de contrôle des infections pour mieux prendre en charge les patients, ainsi que des vaccins pour immuniser les enfants zéro dose. Sur 100 enfants identifiés dans nos registres et retrouvés dans la communauté, nous en avons vacciné 88, les autres ayant quitté la zone au moment de l’intervention », précise Monique.

Au-delà de la baisse des cas, la province de l’Équateur ressort plus résiliente : les structures sanitaires sont mieux équipées, le personnel mieux formé et les communautés davantage préparées face aux prochaines épidémies.

Aujourd’hui, l’Équateur ne célèbre pas seulement le recul du virus mpox. La province célèbre aussi la solidarité, la résilience et la force de ses communautés. Pour Monique et tant d’autres, la peur a laissé place à l’espoir. « Nous disons à la communauté qu’il faut se vacciner pour se protéger, qu’il faut être fier d’être vacciné. Vacciner, c’est se protéger. Vacciner, c’est aimer », conclut-elle, avec optimisme.

Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).

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