L’informel représente 90 % de l’activité économique de notre continent. Mais derrière ceci ce chiffre se cache des réalités contrastées qui vont de l’informel « intégral » à des formes d’informel plus structurées.
Alioune Guèye, Directeur de la publication
Le vendeur à la sauvette dans les rues de Bamako, Douala ou Kinshasa relève de la première catégorie. Tandis qu’un garagiste avec une dizaine d’apprentis qui exercent déjà depuis plus d’une décennie ayant pignon sur rue relève plutôt de la seconde.
Tout l’enjeu serait de formaliser cette seconde catégorie qui ne paye ni taxe ni impôt et qui pourtant crée de la valeur sociale. En effet, cette seconde catégorie crée de l’emploi, forme des apprentis, contribue aux différents événements sociaux…
Il faut dire que nos administrations fiscales sont trop souvent perçues comme des administrations punitives même si beaucoup ont fait énormément d’efforts de pédagogie de manière à mieux expliquer leur mission. Par conséquent, ce secteur informel l’évite.
Élargir l’assiette fiscale pour ne pas trop faire peser le poids des objectifs de collecte sur les seuls bons payeurs qui ont trop souvent le sentiment inique que tout le poids des prélèvements repose sur leurs seules épaules est un objectif réalisable.
Plusieurs étapes
Pour le réussir il faut une stratégie à la fois audacieuse mais aussi pédagogique qui comprendra plusieurs étapes :
- Identifier et discerner l’informel « irrécupérable » de l’informel structuré
- Sensibiliser et informer le secteur informel récupérable des atouts d’un enrôlement (couverture sociale, mise en conformité, possibilités de croitre, possibilité de transmission …)
- Procéder à une régularisation homéopathique avec des plans de recouvrement négociés et supportables
- Désigner des points focaux et installer une proximité de manière à ne pas donner le sentiment à ce public d’avoir à faire face à une machine trop lourde et infranchissable, d’autant que très souvent, leur niveau d’alphabétisation en français langue de travail est souvent limité.
- Sur le plan institutionnel, réfléchir à la faisabilité d’introduction d’un statut des auto-entrepreneurs qui comporte des formalités d’inscription simplifiées et une fiscalité légère
Si nous voulons une société d’entrepreneurs, si nous voulons créer des champions nous devons nous affranchir des incantations dans les salons cossus des capitales africaines et privilégier une approche bottom up qui parte de l’état réel de nos économies.
Parions sur le génie créateur de nos entrepreneurs et accompagnons-les avec des structures adaptées de manière à ce qu’ils libèrent leur talent et rivalisent avec d’autres champions à travers le monde.