Bon an mal an, le Sénégal produit 400 000 t d’oignons. Au moment où le cours des matières premières essentielles à la vie, dont les produits agricoles, connaît une surchauffe sur les marchés mondiaux, plusieurs tonnes d’oignons récoltées sont invendues au Sénégal et risquent de pourrir !
Les exploitants, qui ne savent plus à quel saint se vouer, sollicitent l’Etat et l’armée pour leur octroyer des bâches afin de protéger leurs récoltes contre les précipitations. Face à ce désarroi, des spécialistes de la réfrigération se demandent comment en est-on arrivé là. Au lieu de couvrir une si importante production stockée dans des sacs et posée à même le sol et qui va subir l’effet de serre et la dégradation une fois bâchée, ils suggèrent que des unités de réfrigération, des chambres froides réglées à des températures adéquates et fonctionnant à l’énergie verte, soient implantées dans toutes les régions. Un tel stockage et une logistique qui respecte la chaîne du froid, sans omettre un respect des normes sanitaires et de packaging, donneraient plus de valeur ajoutée à l’oignon du Sénégal au même titre que le colza, les céréales ou le maïs américain, européen ou asiatique.
Pendant que la pandémie fait de la résistance avec une 3ème vague qui déferle sur le monde et que les économies encore sous-perfusion entament une timide relance, n’est-ce pas l’endroit pour les gouvernements de pays en développement d’accompagner de telles exploitations agricoles ? Qui mieux que l’Etat peut actuellement sortir l’économie du marasme latent ? Le calendrier de disponibilité des spéculations, connu autant dans les Niayes, le gandiolais que dans la vallée du fleuve Sénégal… y compris sur des périmètres irrigués, il reste à aider les exploitants à trouver des débouchés, à remplir leurs carnets de commandes bien avant les périodes des semis, mais aussi et surtout des unités de stockage liées à des bourses de matières premières, sachant qu’on se dirige vers de super cycles de Commodities.