Après une première condamnation en première instance, dans le procès en diffamation qui a opposé Ousmane Sonko, leader du parti d’opposition Pastef, à Mame Mbaye Niang, actuel ministre du Tourisme et ex-ministre de la Jeunesse en charge du projet Prodac, le verdict en appel vient de tomber le 08 mai 2023. La cour alourdit la peine, portée à un emprisonnement de 6 mois avec sursis et 200 millions de f CFA avec contrainte de corps. Il a 6 jours pour se pourvoir en cassation.

Daouda Mbaye, rédacteur en chef

Le Projet Prodac (Programme de domaines agricoles communautaires), budgétisé à quelque 49 milliards, soit 29 + 20 milliards f CFA, reste toujours embryonnaire. Dans les 4 unités de départ, à valeur d’aujourd’hui, il n’y a rien d’analogue aux réalisations de départ- des cœurs de DAC sont en train d’être érigés çà et là et les dizaines de milliers d’emplois à générer restent chimériques. Pourtant le régime en place refuse aux opposants d’exiger la reddition des comptes sur ce dossier, en dépit d’un audit de l’Inspection générale des finances (IGF) qui a fait état de multiples malversations. Le verdict en appel du 8 mai (6 mois avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts par contrainte), soit à peine 50 jours depuis le début du procès, qui pourra être cassé, si le recours est fait dans les 6 jours, ne rend toujours pas Ousmane Sonko inéligible.  C’est du moins l’avis de spécialistes du Droit, tel que Pr Ngouda MBoup. Doit-on rappeler que le Projet de son parti est entre autres de permettre au Sénégal de recouvrer le contrôle sur ses ressources ?

Nombre d’observateurs trouvent qu’il s’agit d’un simulacre de procès. Un jugement en référé qui serait politique pour écarter un candidat gênant ! Les nouveaux textes de lois que le régime libéral a fait voter à l’Assemblée nationale, dans ses articles L 29 et L 30, rendent inéligibles tout condamné à plus de 3 mois avec sursis.

Sonko reste dans la course
A moins de 8 mois de la présidentielle, le régime en place, qui laisse la classe politique dans l’expectative, évite toujours de se prononcer sur son candidat, sachant que l’article 27 de la Constitution reste clair « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » ? Cet article exclut le président Macky Sall, en exercice depuis 2012, après un septennat suivi d’un quinquennat qui s’achève n 2024. C’est dans un tel contexte que le plaignant a interjeté appel. Celui, qui a esté en justice pour laver son honneur, se dit aujourd’hui satisfait après ce verdict qui pourtant n’accentue pas la peine pécuniaire. A la sortie d’audience, si l’un des avocats du ministre a évoqué cet aspect sur l’inéligibilité, l’autre en a fait fi…

Aujourd’hui, ce jugement crée une atmosphère délétère, vu que le président de la Cour suprême, Ali Ciré Ly, qui vient d’être nommé, il y a quelques semaines, est l’ex-président de la 1ère Chambre d’Appel qui rejeta les recours de l’opposition au lendemains des élections locales. Dans un tel contexte qui peut douter de l’issue du pourvoi en cassation, à moins que les relents d’une guerre civile dans ce paisible pays de la Teranga ne fassent reculer Dame Justice ?

Déjà, des échauffourées sont signalées à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et dans certains quartiers de grandes villes du Sénégal.