Le groupe OCP a organisé, du 8 au 10 mai, la 4e édition du Symposium international sur l’innovation et la technologie dans l’industrie des phosphates (Symphos). Des experts scientifiques venus de plusieurs pays du monde se sont penchés sur les avantages de l’innovation dans l’agriculture.
“L’innovation pour conduire l’agriculture de demain”. C’est la thématique principale de l’édition 2017 du Symphos qui a réuni plus de 800 participants et 150 exposants à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir. Le Centre des congrès de ce temple du savoir s’est transformé en un véritable laboratoire scientifique où plusieurs scientifiques de dimension mondiale se sont succédé pour aborder des thématiques liées à la Recherche et Développement (R&D) dans le domaine des phosphates et dérivés, l’innovation technique, scientifique et technologique, les nouvelles applications en agriculture, ainsi que dans le domaine du développement durable et des énergies renouvelables.
Les changements climatiques, la sécurité alimentaire, la démographie galopante, particulièrement en Afrique, et la spécificité des sols sont autant de défis qui nécessitent la mise en place de stratégies innovantes et durables.
Singapour, modèle d’innovation
Le cours magistral délivré par le Pr Seeram Ramakrishna, professeur à l’Université nationale de Singapour (NUS), a planté le décor. Dans son exposé, cet éminent scientifique a dévoilé les grands axes du miracle singapourien. Petit village de pêcheurs aux débuts des années 1960, Singapour est aujourd’hui une des locomotives économiques en Asie du Sud-Est et une des plus grandes économies au monde. Cette cité-État enclavée, d’une superficie de 719,2 km² et 5 millions d’habitants, a misé sur l’innovation pour transformer ses faiblesses en opportunités. Un pari gagnant. Aujourd’hui, cette presqu’île revendique un revenu par habitant de 52.000 dollars par an et un indice de développement humain de 0,925, soit le 5e au niveau mondial derrière la Norvège, l’Australie, la Suisse et l’Allemagne.
Singapour, c’est aussi l’une des places financières les plus dynamiques au monde avec près de 400 milliards de réserves de change. Quelque 2.000 entreprises basées dans ce pays ont un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions de dollars. Le pays prévoit de consacrer un budget de 19 milliards de dollars à la R&D entre 2015 et 2020 et se projette déjà sur les innovations du futur.
Former des ressources humaines de qualité
Dépourvu de pétrole et de ressources naturelles, ce voisin de la Malaisie s’est tourné vers le solaire, avec comme tête de pont l’Institut de recherche solaire doté d’un budget annuel de 180 millions de dollars. Le pays a décidé de placer des panneaux solaires flottants en mer. Actuellement, son industrie «green» pèse 4 milliards de dollars.
D’après ce membre de l’Académie royale d’ingénierie britannique, Singapour accorde une grande importance à la formation des ressources humaines de qualité. 80% des 23.000 étudiants répartis dans les universités du pays ont déjà bénéficié d’un séjour à l’étranger. L’Université nationale de Singapour est la 12e meilleure université au monde. Il invite le Maroc et les autres pays à miser davantage sur l’innovation à l’image des pays développés qui y consacrent généralement entre 2 et 3% de leur PIB.
L’innovation c’est aussi le challenge que s’est fixé l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir mise sur pied par le groupe OCP à travers des programmes de recherches ciblés notamment sur l’eau, les ressources naturelles, la biotechnologie et le génie industriel et chimique. «L’université ambitionne, d’apporter des réponses aux principaux défis et enjeux auxquels est confronté le continent africain, tels que la sécurité alimentaire, le développement économique, l’industrialisation durable et la politique publique», explique-t-il.
L’UM6P a déjà implanté des laboratoires et espaces d’expérimentation “living labs” dans plusieurs villes du Maroc pour permettre «aux chercheurs de tester, à échelle réelle, des solutions nouvelles dans des domaines clés pour le futur : le génie industriel et chimique, les énergies renouvelables, les biotechnologies, etc.».
Par Elimane Sembène