La Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) émettra bientôt sa première diaspora bond après avoir obtenu l’agrément du Conseil régional de l’Épargne publique et des marchés financiers (CREPMF).

Ce sera une première sur le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). En optant pour ce mode de financement, la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) souhaite attirer les expatriés qui disposent souvent d’épargnes conséquentes dans leurs pays d’accueil et qui continuent à transférer chaque année des sommes colossales dans leurs pays d’origine. Ces flux financiers étaient estimés en moyenne à 62,9 milliards de dollars entre 2010 et 2017, loin devant les investissements directs étrangers (IDE) qui se chiffraient à 52,5 milliards et l’Aide publique au développement (51,8 milliards). Cette communauté d’émigrés africains compterait aujourd’hui pas moins de 140 millions d’individus à travers le monde, selon la Banque mondiale.
Les diaspora bonds sont en fait des emprunts obligataires émis par un gouvernement en destination de sa diaspora, afin de puiser dans ses actifs présents dans leurs pays de résidence. Ces derniers pourront ainsi y souscrire, en tant qu’investisseurs, contribuer à l’édification d’infrastructures dans leurs pays d’origine et, par ricochet, participer à la croissance de leurs fiefs. Le remboursement pourra se faire par annuités (l’emprunteur remboursera toujours la même somme, que cette somme corresponde à une partie du principal ou à une partie des intérêts).
Ce mode de financement a déjà séduit le Nigéria et l’Éthiopie, véritables pionniers sur le continent (voir notre numéro 27 août-septembre 2018). L’Éthiopie fut le premier pays africain à tenter cette expérience d’abord en 2008 puis en 2011 avec un emprunt remboursable sur 10 ans. Le Nigéria lui emboîtera le pas plus tard, non sans succès. Le 19 juin 2017, la deuxième puissance du continent a réussi à lever, en une seule journée, 300 millions de dollars auprès de ses diasporas basées en Grande-Bretagne et aux États-Unis en s’appuyant notamment sur des banques nigérianes (UBA et FNB) présentes sur place.

Par Babacar Seck