Des géants du numérique comme Google, Facebook, IBM et Microsoft ont lancé des projets en Afrique, un marché prometteur pour le développement de l’IA.
IBM a été l’un des premiers acteurs à investir dans ce secteur en Afrique avec l’ouverture de son premier data center Cloud en Afrique, en 2016. Microsoft se manifestera en mars 2019 dans cette course au traitement des mégadonnées, en ouvrant deux data center en Afrique du Sud (au Cap et à Johannesburg). Amazon aussi prévoit d’en ouvrir un dans le pays, d’ici à 2020.
Facebook ne souhaite pas rester en rade. Le mastodonte des réseaux sociaux a cartographié la densité de la population africaine en avril 2019, avec l’aide de chercheurs du Center for International Earth Science Information Network (CIESIN) de l’Université de Columbia. Ces précieuses données, récoltées via des algorithmes qui ont analysé plus de 11 milliards d’images, pourraient constituer une mine d’informations pour les Etats africains et faciliter le travail des organisations humanitaires en cas de catastrophes.
Durant le même mois, Google lance son premier centre d’Intelligence artificielle à Accra, au Ghana, son premier sur le continent, après ceux basés en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Israël. Avec ce centre, le moteur de recherche souhaite améliorer les traductions des langues africaines à travers son service de traduction automatique Google Translate.
Pour Karim Koundi associé à Deloitte Afrique francophone, responsable des activités TMT (technologies, médias et télécommunications), «le continent est de plus en plus connecté, c’est un marché immense pour les GAFA en termes de consommation. S’installer en Afrique leur permet de développer leur propre écosystème, et développer des applications et contenus spécifiques aux besoins africains ». Et de poursuivre, « l’intérêt pour eux est aussi de mettre la main sur ces nouveaux types d’application, il y a une fuite de la valeur. Mais ils font attention. En contrepartie, ils ouvrent un écosystème et permettent aux développeurs locaux de développer leurs applis, les compétences. Le point clé est de dynamiser le système d’innovation, développer les compétences. Les gouvernements doivent investir sur cet axe ».
Cet engouement manifeste des GAFA avait d’ailleurs poussé des experts à évoquer une éventuelle «cybercolonisation» du continent lors du forum sur l’IA en Afrique organisé par l’Unesco en 2018 au Maroc. L’autre grand risque, et non des moindres, c’est l’usage des données personnelles par ces géants du numérique. Si en Europe et ailleurs la réglementation est devenue stricte dans ce domaine; en Afrique, ce n’est pas totalement le cas pour le moment. Outre la Convention de l’UA sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel, il n’existe quasiment pas de législations spécifiques qui intègrent ces technologies du futur. Un vide juridique qui arrange évidemment ces multinationales. Un immense défi pour les Etats africains dans un monde où les données personnelles sont considérées comme des diamants bruts.