Après que l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists) et BuzzFeed News ont publié une enquête conjointe, des responsables du monde entier ont commencé à prendre des mesures pour contrecarrer les criminels et les activités financières illicites. Nous revenons, en 4 parties, sur ce qui change dans le monde bancaire (Partie II).
Daouda Mbaye avec Will Fitzgibbon, Anthony Cormier, Jason Leopold, Scott Pham, Richard Holmes, Jeremy Singer-Vine, John Templon, Tom Warren et Michael Hudson
Des semaines avant la publication, nos confrères journalistes travaillant sur les fichiers FinCEN ont informé les chefs de gouvernement de leurs conclusions et ont attendu des commentaires. Des responsables, aux États-Unis et au Royaume-Uni, ont annoncé qu’ils modifieraient les règles de lutte contre le blanchiment d’argent – les fichiers FinCEN montraient que les règles étaient enfreintes et inefficaces.
Après que BuzzFeed News a contacté le département du Trésor américain, l’agence a annoncé qu’elle commencerait à prendre des suggestions du public et des initiés sur la façon de mettre à jour la loi sur le secret bancaire de 1970, qui régit depuis longtemps les politiques de lutte contre le blanchiment d’argent du pays. Les lobbyistes, les banques, les sociétés de services financiers et les universitaires ont soumis 110 commentaires, dont beaucoup confirment ce que les fichiers FinCEN avaient montré : les protections américaines contre le blanchiment d’argent doivent absolument être révisées.
Pendant ce temps, 2 jours avant la publication des premiers articles sur les fichiers FinCEN, des responsables londoniens ont annoncé leur intention d’améliorer la façon dont le Royaume-Uni collecte des informations sur les entreprises qui y sont enregistrées. Justement Tom Keatinge, directeur du Center for Financial Crime and Security Studies au Royal United Services Institute, soutenait alors : « Il est difficile de ne pas croire que la publication imminente des fichiers FinCEN leur ait forcé la main. »
Un fromage suisse plein de trous
Une fois que les histoires sont devenues publiques, les appels à la réforme ont été plus pressants.
Les législateurs britanniques ont lancé une enquête formelle sur les questions « profondément troublantes » soulevées dans les fichiers FinCEN. Le comité du Trésor du Parlement s’est engagé à examiner les progrès réalisés par les régulateurs gouvernementaux et les organismes chargés de l’application des lois dans la prévention du blanchiment d’argent.
S’exprimant au Parlement européen, des politiciens ont appelé à des réglementations uniformes et à une surveillance renforcée sous la forme d’une nouvelle agence de surveillance ou de pouvoirs accrus pour l’organe existant, l’Autorité bancaire européenne.
Au cours d’un précédent débat sur les fichiers FinCEN, Eero Heinäluoma, membre finlandais du Parlement européen, qui a comparé tout cela à un fromage suisse, plein de trous, a jeté un pavé dans la mare soutenant : « Le système existant de lutte contre le blanchiment d’argent ne fonctionne tout simplement pas. »
D’autres gouvernements nationaux ont également sauté sur les conclusions. Aux Seychelles et au Libéria, les révélations de confrères journalistes ont été transmises aux unités anticorruption pour action ultérieure. (A suivre)