Dans un contexte d’accélération de la transformation de l’économie structurelle du continent africain, le rôle de la diaspora n’est plus à démontrer. Nos officiels aiment à rappeler que ce ne sont pas moins de 60 milliards de dollars qui chaque année transitent vers le continent sous forme de transferts d’immigrés africains vers leurs pays d’origine, soit plus que l’Aide publique au développement.

D’ailleurs, un certain nombre d’initiatives portées par les diasporas elles-mêmes visent à transformer ces flux souvent destinés à la consommation immédiate en moyens d’investissement productifs afin de créer des emplois en Afrique, notamment pour les jeunes. Pour cela, de nombreux véhicules existent déjà en Asie, sous forme de fonds d’investissement ou de diaspora bonds, dont l’Afrique gagnerait à s’inspirer.

Mais à l’évidence, évaluer le potentiel de la diaspora à son apport financier serait trop sous-estimé, au pire erroné. En effet, la vraie «valeur» de la diaspora réside en fait dans son capital immatériel qui n’est justement pas évalué.

Avoir une diaspora active et entreprenante en Amérique du Nord, en Europe ou dans les pays africains les plus dynamiques c’est bénéficier d’une « exposition » à des modèles économiques, des dynamiques sectorielles, un niveau de R&D plus avancé. C’est aussi une diaspora qui dispose souvent d’une formation de haut niveau, d’un réseau relationnel et professionnel riche, dans des secteurs aussi variés que la banque, l’énergie, l’aviation, l’assurance, etc.

En cela, la diaspora représente le meilleur des deux mondes, celui dont elle est originaire et celui dans lequel elle a choisi de vivre. Aussi, même si la question du retour définitif dans le pays d’origine n’est pas encore à l’ordre du jour, des formes de « give back » sous forme de facilitation d’investissements, de trainings, de mise à disposition de compétences, au bénéfice du pays d’origine en s’appuyant sur un réseau relationnel et professionnel de qualité, sont la manifestation évidente de ce que le capital immatériel représente et qui mériterait d’être mieux évalué pour donner la pleine mesure de l’apport de la diaspora africaine. C’est avec toutes ses compétences que le continent relèvera les défis de l’émergence économique.

Par Alioune Gueye