L’Afrique devrait enregistrer une croissance de 4% en 2020 contre 3,4% en 2019, d’après le rapport «Perspectives économiques en Afrique en 2020» de la Banque africaine de développement (BAD). L’un des principaux défis reste la croissance inclusive à l’échelle continentale.
Une croissance inclusive ne s’est produite que dans 18 des 48 pays d’Afrique. C’est l’une des révélations phares du rapport annuel ‘‘Perspectives économiques en Afrique en 2020’’ intitulé ‘‘Former la main-d’œuvre africaine de demain’’, publié par la Banque africaine de développement (BAD), le 30 janvier à Abidjan. La croissance inclusive doit se traduire, selon l’institution bancaire, par une consommation moyenne en hausse plus rapide pour les pauvres et des inégalités moins grandes entre les différents segments de la population. D’après Hanan Morsy, directrice du département des politiques macroéconomiques, des prévisions et de la recherche de la banque, «l’éducation est le principal facteur d’égalité. Ce n’est qu’en développant notre main-d’œuvre que nous pourrons commencer à réduire la pauvreté, à combler les disparités salariales et à adopter de nouvelles technologies pour créer des emplois dans les secteurs de la connaissance».
Hausse des dépenses d’investissement
Globalement, la croissance économique du continent est restée stable en 2019 (3,4%) en dépit des chocs extérieurs. Elle devrait même atteindre 3,9% en 2020 avant de passer à 4,1% en 2021, selon le rapport. «La croissance du PIB continental, plus faible qu’anticipé, tient en partie à l’expansion modérée des ‘‘cinq grandes économies’’ du continent (l’Algérie, l’Égypte, le Maroc, le Nigéria et l’Afrique du Sud), dont la croissance combinée représentait en moyenne 3,1 %, contre 4,0 % pour le reste du continent», indique la BAD. Autre constat, les dépenses d’investissement, plutôt que celles consacrées à la consommation, ont représenté plus de la moitié de la croissance du PIB en Afrique lors de l’année écoulée, une première depuis dix ans. «Si elle se confirme, cette évolution contribuera, de manière structurelle, à soutenir l’économie et potentiellement à accélérer la croissance à venir de l’Afrique, tout en augmentant la base productive actuelle et future du continent et en améliorant la productivité de la main-d’œuvre», souligne-t-elle. L’Afrique de l’Est demeure la région qui détient la croissance la plus rapide au niveau continental, avec une croissance moyenne estimée à 5% l’année dernière. S’ensuit l’Afrique du Nord (4,1%) et l’Afrique de l’Ouest qui a enregistré une croissance de 3,7% contre 3,4% en 2018. L’Afrique centrale (3,2%, contre 2,7% en 2018) et l’Afrique australe, dont la croissance est passée de 1,2% en 2018 à 0,7% (à cause des cyclones dévastateurs Idai et Kenneth), ferment le quintet.
Développer le capital humain pour lutter contre le chômage
Dans son rapport, la BAD plaide pour le développement du capital humain dans les pays africains. «L’Afrique doit développer les compétences dans les technologies de l’information et de la communication ainsi que dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques. La quatrième révolution industrielle imposera des exigences de plus en plus grandes aux systèmes d’éducation qui forment des diplômés possédant ce type de compétences», précise le rapport. Pour ce faire, elle recommande aux Etats d’augmenter les investissements dans l’éducation et les infrastructures pour maximiser les bénéfices à long terme de la croissance du PIB et de développer une main-d’œuvre capable de répondre à la demande pour faire face aux besoins de l’industrie. Ce renforcement des capacités des ressources humaines pourrait permettre à l’Afrique de lutter contre le chômage. «Compte tenu des prévisions de perturbations sur les marchés de l’emploi en raison de l’évolution rapide des technologies, il est urgent que les pays s’attaquent aux principaux goulots d’étranglement qui freinent la création de capital humain», préconisent les experts de la BAD. Le chômage demeure une véritable équation à l’échelle continentale. Chaque année, 12 millions de diplômés arrivent sur le marché du travail et seulement 3 millions d’entre eux décrochent un emploi, et la situation ne cesse de s’aggraver, selon Akinwumi Adesina, président de la BAD.