La pandémie de Covid-19 a engendré des effets négatifs dans plusieurs secteurs, y compris les assurances. En Afrique, la plupart des compagnies accusent le coup et tentent de mettre en place des stratégies de résilience pour supporter la crise.

Le climat actuel est loin d’être rassurant  pour les  compagnies d’assurances. La tempête Covid-19 est passée par là. Même les leaders du secteur ne sont pas épargnés, avec des pertes enregistrées dans la branche automobile. «En Afrique du Sud, premier marché du continent, le groupe Santam, la première compagnie d’assurance du pays, a enregistré une légère baisse au titre des six premiers mois de l’année 2020 sur les primes émises de la branche Automobile de -0,4%», constate Madiou Soumaré, Expert-comptable et Risk manager. D’après lui, cette baisse sur la branche automobile s’explique par le recul de 33% du nombre de véhicules  immatriculées  sur le marché sud-africain qui est passé de 28 931 en juin 2019 à 19 264 en juin 2020. Parallèlement, le groupe sud-africain avait enregistré une baisse des revenus de ses placements financiers durant les quatre premiers mois de l’année.
Au Maroc, 2e marché du continent, la crise est tout aussi perceptible. La branche automobile a enregistré une baisse de -3,5% par rapport au premier semestre 2019, selon les données de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) au titre du premier semestre 2020. Saham Assurance, filiale du sud-african Sanlam et leader de l’assurance automobile dans le royaume, et Wafa Assurance, filiale du groupe Attijariwafa bank (2e dans ce secteur), ont respectivement connu des baisses de -7,6% et -6,3% durant cette période.

D’importantes baisses des primes dans la branche «risques techniques »
Le Kenya, troisième marché en Afrique, subit aussi les impacts de cette pandémie, à travers notamment ses deux principales compagnies d’assurances Jubilee Insurance et CIC Insurance Group qui ont enregistré  respectivement des reculs de -2,3% et -3,24% à fin juin 2020, loin de leurs performances de la même période de l’année dernière : «Le nombre de véhicules de première immatriculation sur le marché kényan a enregistré un recul de -14,7%, en passant de 24. 860 nouvelles immatriculations en juin 2019 à 21.191 en juin 2020.  Le chiffre d’affaires des contrats automobile des particuliers a reculé de -3%, et celui des voitures commerciales  de  -11%  par rapport au premier semestre de l’année précédente», explique M. Soumaré. En Afrique de l’Ouest, plus précisément au Nigéria, la situation n’est guère reluisante : «Le marché des assurances du Nigéria était composé de 9% de primes d’assurances  automobile. Même si les données actualisées sur le marché du Nigéria ne sont pas disponibles, nous pouvons tout raisonnablement anticiper, au titre de l’année 2020, un impact négatif sur l’économie, compte tenu de la chute continue des cours du pétrole», prédit-il.
Outre la branche automobile, le Covid-19 a également eu des effets négatifs sur les contrats de la branche ‘‘Risques  techniques’’ qui permettent  aux  souscripteurs de se prémunir d’éventuels risques, notamment dans les matériels informatiques, les machines, les chantiers de construction et la responsabilité civile sur les chantiers déjà livrés. Au Maroc, les primes d’assurance émises sur les risques des chantiers ont connu une importante baisse de 42% par rapport à juin 2019. Wafa Assurance (-112%) et Sanad  (devenu AtalantaSanad Assurance), avec -50%, ont été les plus impactés. «Le chiffre d’affaires des Bris de machines a baissé de -28%, en grande partie chez Wafa Assurance – 67%, RMA -25% et Saham Assurance -127%. Au niveau des ‘‘Tous risques informatiques’’, la baisse de cette branche sur le marché des assurances marocaines est de -59% par rapport au premier semestre 2019 (-141% Saham Assurance, -28% Atlanta et -17% Allianz Maroc) », renchérit le Risk manager. Le Kenya, pour sa part, accuse une baisse de 15% au premier semestre 2020, selon un rapport de l’Architectural Association of Kenya (AKK) publié en juin 2020, tandis que l’Afrique du Sud enregistre un recul de -4% sur la branche ‘‘Engeneering’’.
Quant à l’Afrique de l’Ouest, «les risques techniques liés au secteur du pétrole et du gaz sur le marché des assurances du Nigéria représentaient 34% de primes d’assurances émises sur le marché. Avec les difficultés de l’industrie pétrolière, notamment la chute continue des cours du pétrole combinée au ralentissement économique lié à la pandémie, on s’attend à un net recul du chiffre d’affaires sur cette branche», souligne M. Soumaré.

La branche vie épargnée
Deux éclaircies tout de même dans cette grisaille : la baisse de la sinistralité grâce notamment aux mesures restrictives mises en place par plusieurs pays africains et une hausse des primes sur la branche Vie. «A ce jour, nous n’avons pas été confrontés à une hausse de sinistralité. Nous avons plutôt bénéficié des effets du confinement, période qui a été marquée par une baisse au niveau de la fréquence de sinistralité. Toutefois, le risque de fraude peut s’avérer important si les mesures adéquates ne sont pas mises en place dans le futur », nous confie Arthur Yao, Directeur régional de la souscription et de la réassurance d’Allianz Africa. « En Afrique du Sud, Santam enregistre une augmentation de +10% sur la branche « Accident & Health », au Maroc, c’est du côté de l’assurance-vie qu’on note une hausse de 3%, correspondant à une hausse de la capitalisation de 20% par rapport à fin juin 2019.  Au Kenya, la branche Vie qui constitue 39,5% du chiffre d’affaires du marché kényan a enregistré une hausse de 8,2% à fin juin 2020  comparée à la période précédente. Cette hausse est essentiellement due à l’augmentation des cotisations au titre des pensions de retraite à hauteur de 12,5% », note Madiou Soumaré.